Marie Élise Gbèdo sur l’univers politique béninois : “Je préfère ne pas donner mon avis”

Entre Marie Élise Gbèdo et la politique au Bénin, c’est définitivement terminé. Du moins, c’est ce qu’a délibérément décidé l’ancienne ministre de la Justice et Avocate au barreau. Dans un entretien avec la web télévision Speedline TV Bénin, elle motive cette option faite et se prononce sur d’autres sujets dont l’avenir du pays notamment son développement.
Est-elle satisfaite de l’univers politique béninois tel qu’il se présente aujourd’hui ? À cette preoccupation de l’intervieweur, la présidente de l’Association des femmes juristes du Bénin (Afjb) declare qu’elle n’a pas d’avis : “Je préfère ne pas donner mon avis”. Marie Élise Gbèdo, lâche tout de même quelques mots. Selon elle, “chacun vient faire son temps et laisse un héritage. On ne peut pas être totalement blanc, ni totalement noir”. L’invité de l’émission “Icône du jour” illustre son propos par le fait que, généralement, au sein de la population, certains sont satisfaits pendant que d’autres ne le sont pas.
“Cest la vie qui est ainsi. Celui qui est là, il fait ce qu’il doit faire, et quand il partira il laissera un héritage que celui qui viendra doit pouvoir continuer, enrichir. Non, je n’ai pas d’avis”, laisse-t-elle entendre. en exprimant toutefois sa désolation face à la posture ondoyante ou changeante de certains acteurs politiques d’hier à aujourd’hui : “Ils font de la politique. Je les entends dire, c’est ça la politique. Quand j’entends cela, que puis-je dire, moi ?” s’interroge l’ancienne Garde des Sceaux et ancoenne ministre du commerce, de l’artisanat et du tourisme. “Est-ce-que la politique est une science exacte ? Je pense que non ! Les gens s’engagent et se désengagent au gré de leurs intérêts, de leur humeur. Je leur tire mon chapeau tout simplement parce que je ne peux pas faire comme eux”, déplore l’Avocate au barreau du Bénin.
“… j’ai décidé de moi-même, quand j’ai fini avec l’élection présidentielle de 2016…”
C’est un secret de polichinelle. Depuis 2016, à l’avènement du pouvoir de Patrice Talon qu’elle a pourtant soutenu au second tour à travers la Coalition dite de la Rupture, Marie Élise Gbèdo a disparu de la scène politique. Selon son propos, elle a dit non aux problèmes politiques et politiciens en se concentrant sur ce qu’elle sait faire le mieux. Avec ses ami.e.s, acteurs politiques ou non, qu’elle côtoie, elle jure que ça discute et rigole bien mais qu’elle ne commente plus rien qui ait rapport à la politique : “je refuse”, a-t-elle martelé. “Étant en politique, j’ai compris que ce n’est pas vraiment ça qui colle à mon tempérament. Je ne sais pas dire quelque chose et son contraire. C’est très compliqué pour moi”, soutient-elle en précisant qu’elle est “une femme de vérité” qui dit ce qu’elle pense être vrai.
“Je n’arrive pas à comprendre pourquoi les hommes politiques mentent, sont dans la compromission, le mensonge tout le temps. J’avoue que je n’aurais pas pu”, confie Marie Élise Gbèdo. Pour elle, l’expérience faite en politique et qui l’a conduite à être deux fois à la présidentielle “était déjà édifiante”. Et elle poursuit : “J’en ai tiré les leçons qu’il faut, et c’est comme ça que j’ai décidé de moi-même, quand j’ai fini avec l’élection présidentielle de 2016, c’est le plus naturellement que j’ai annoncé à la télévision nationale, au détour d’une interview, que j’ai choisi de m’accrocher désormais à mon métier et à l’association pour être au service des citoyens”.
L’amazone des temps modernes qui, selon elle, n’a pas d’avis à donner sur la chose politique, s’est en tout cas lâchée le long de l’entretien. Elle souhaite un Bénin où les Béninois mangent les trois repas par jour : “matin, midi, soir”. Plus loin, en fin d’émission, lorsqu’il lui a été demandé de conclure, l’ancienne ministre de la Justice a déclaré : “Que puis-je dire ? Le Bénin avance. C’est tout ce qu’on souhaite, mais on veut de vrais rassemblements”.
Ce qui préoccupe Marie Élise Gbèdo, il faut des rassemblements qui ne divisent point au nom de la politique, qui n’amènent pas de problèmes ethniques ou de clivages. Elle invite les Béninois à être moins individualistes, à chercher à savoir ce qui ne va pas chez le voisin ou le camarade, à lui venir en aide au lieu de passer leur temps à le critiquer. “Un Bénin bien, prospère. C’est de ça que je rêve”, indique l’Avocate.
Marie Élise Gbèdo tacle le “Colonisateur”
Quand il s’est agi des domaines qu’elle toucherait pour y opérer des changements significatifs pour son pays si elle disposait d’un bâton magique, la ministre Marie Élise Gbèdo pousse un profond soupir mêlé de rire : “Il faut qu’on se débrouille pour que notre pays quitte la tutelle des colonisateurs”, souligne-t-elle. Avant, on ne connaissait pas beaucoup de choses, poursuit, l’ancienne ministre de feu Mathieu Kérékou et de Yayi Boni, qui se rejouit qu'”aujourd’hui nous avons la chance de savoir que l’ancien colonisateur a mis le genou sur notre cou”. L’ancienne ministre insiste sur la nécessité de “libérer le pays”. “Et c’est ce qui nous permettra de nous battre par nous-mêmes, d’aller chercher au tréfonds de nous-mêmes ce qu’il faut”, insiste-t-elle. L’invitée de Speedline TV de conclure : “Et mon premier combat, c’est le système éducatif qui nous a arriérés. À partir de là, si on arrive à refaire le système éducatif, à le reprendre en main depuis la Maternelle jusqu’à maintenant, je crois qu’on formera d’autres types de Béninois, qui vont libérer leur pays et travailler pour ce pays, en toute identité et authenticité”.
Jacques BOCO