Présidentielle de 2026 au Bénin : Talon et Yayi, finalement même candidat ?

0
131

L’actualité liée à la présidentielle de 2026 au Bénin connait des rebondissements. À quelques mois de l’échéance du 12 avril, la scène politique nationale semble s’orienter vers un scénario inédit : celui d’une convergence de vues de deux figures politiques emblématiques de la décennie écoulée, Patrice Talon et Boni Yayi.

Il y a quelque trois mois, le chef de l’État Patrice Talon au palais présidentiel disait à l’ancien député de l’opposition Guy Mitokpè, et ce devant la jeunesse qu’il se pourrait que son prédécesseur et chef de l’opposition béninoise, Yayi Boni et lui se retrouvent à soutenir le même candidat qu’aura choisi le camp au pouvoir en vue de la course à la magistrature suprême. En tout cas pour le president Talon, il ne sera pas question en 2026 qu’il y ait une opposition pour contrebalancer le candidat que lui souhaiterait lui succéder. Et l’actuel locataire de la Marina d’ajouter que cette opposition peut se constituer après l’élection présidentielle.

Au moment où Patrice Talon lâchait émettait ce souhait ou dévoilait son plan, beaucoup avaient interprété son propos comme une raillerie ou une provocation. Mais avec le développement de l’actualité ces dernières heures, tout porte à croire qu’on est face à l’évidence.

En effet, l’échec de la candidature du principal parti de l’opposition “Les Démocrates”, soutendu par le rejet de son dossier par la Cena et confirmé par la décision de la Cour constitutionnelle ainsi que les déclarations du candidat Renaud Agbodjo et d’autres cadres de cette formation de l’opposition qui s’en sont suivies, tendent à dessiner une posture nouvelle dans le paysage politique béninois. Même si dans sa capitulation l’opposition n’a pas passé sous silence les dérives du pouvoir Talon, elle voit déjà le ministre des Finances, Romuald Wadagni, candidat de la mouvance à la présidentielle, succéder à Patrice Talon face à un duo candidat se reclamant de l’opposition mais non accepté dans l’opinion en tant que tel.

Des voix généralement virulentes au sein du parti LD, dirigé par l’ancien chef de l’État Yayi Boni, qui appellent désormais à la responsabilité, à la paix et au réalisme politique, c’est une posture surprenante que certains interprètent comme une forme d’alignement en douce, ou de résignation, face à la redoutable machine politique, institutionnelle en place dans le pays depuis 2016.

Aussi, dans un contexte où c’est le silence plat, auncun communiqué rendu public depuis plus de cinq jours que Yay Boni a rencontré Patrice Talon à la présidence à propos du feuilleton rejet de la candidature de l’opposition, cela intrigue et alimente les spéculations. L’ancien chef de l’État, connu d’ordinaire prompt dans les redditions de compte, semble observer une réserve stratégique. Serait-il un silence d’approbation de la nouvelle posture de ses lieutenants ? Cette posture ferait-elle partie des engagements pris lors du tête-à-tête ?

Toujours est-il que l’opinion publique s’interroge : Talon et Yayi, adversaires d’hier, marchent-ils désormais vers un ideal commun : celui de supporter le candidat Wadagni de la mouvance? Si tel est le cas, ce serait un tournant majeur dans la vie politique béninoise et cela servirait plus encore de leçons aux militants et sympathisants extrémistes des deux camps.

Une chose est sûre, à l’approche de 2026, les lignes bougent, les certitudes s’effritent pour certains, se renforcent pour d’autres, et le jeu politique béninois nous rappelle encore, une fois qu’au Bénin, rien n’est jamais totalement écrit ou acquis d’avance.

BCAR