Yayi chez Soglo, Houngbédji, Amoussou, Dossou et Holo : Inédit et tout sauf anodin

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(Et Ousmane Batoko dans tout ça ?)

La première quinzaine du mois de février 2025 n’a pas été de tout repos pour l’ancien président de la République, Yayi Boni. L’actuel président du parti de l’opposition, Les Démocrates, s’est rendu successivement chez l’ancien chef de l’État. Nicéphore Soglo et les anciens présidents de l’Assemblée nationale, Adrien Houngbédji et Bruno Amoussou, puis de la Cour constitutionnelle, Robert Dossou et Théodore Holo.

L’ancien président Yayi Boni a entrepris une série de rencontres avec des anciens présidents d’institution de la République. Si l’on devrait s’en tenir aux légendes qui ont accompagné les différentes images publiées sur les réseaux sociaux, l’idée derrière ces rencontres pour Yayi est de présenter les vœux du nouvel an à chacune de ces personnalités. Mais la curiosité ici, qui devient un élément d’analyse obligeant à aller au-delà de ce simple mobile est que les déplacements de l’ex-chef de l’État se sont enchaînés sur deux semaines. C’est inédit ! Certes,, pour qui connaît Yayi Boni, la gouvernance concertée, avec à la clé ces genres de concertation périodique, était la marque déposée de sa gouvernance. Mais jusqu’à ce qu’il parcourt autant de personnalités clés de la République en un laps de temps, c’est une première.

C’est tout sauf anodin

D’où des supputations qui subodoraient que ces rencontres successives d’échanges du président du parti au symbole de la flamme ravivée ne sauraient être anodines. Le contexte est que le mois de février, du 19 au 28 février, le Bénin commémore les acquis de la tenue de sa conférence des forces vives, qui a été reproduit un peu partout sur le continent. Cette année, c’est le 35ème anniversaire. L’autre contexte, le pays est à la veille des élections générales de 2026 et des voix s’élèvent contre les dispositions électorales votées, qui ne favoriseraient pas des scrutins inclusifs, transparents et apaisés. De même, la situation sécuritaire dans la partie septentrionale du Bénin depuis quelques années, la situation des détenus et exilés politiques et ce que l’opposition appelle interdiction abusive et la répression de certaines de ses activités supposées de reddition de compte à ses mandants et militants en général, ne sauraient être des préoccupations non moins importants au cours de ces tête-à-tête. Du compte rendu global fait le week-end écoulé par le parti Les Démocrates sur ses plateformes digitales, les concertations du président Yayi avec ces figures de la vie publique béninoise ne sont effectivement pas un hasard. En effet, le président Nicéphore Soglo est le premier président élu démocratiquement élu après la conférence nationale de 1990 et le premier à expérimenter le système démocratique et la Constitution béninoise. À propos d ‘Adrien Houngbédji, ancien challenger politique de Yayi Boni, il a dirigé le Parlement du Bénin pendant trois mandats. Bruno Amoussou, également ancien ministre et ancien président du Parlement, est aujourd’hui un acteur clé de la Mouvance tout comme Adrien Houngbédji. Quant à Robert Dossou et Théodore Holo, ils ont été ministres et ont dirigé la Cour Constitutionnelle. “Dans sa démarche, il a échangé avec eux sur la préservation de la cohésion sociale, du vivre-ensemble et des acquis démocratiques de la Conférence des forces vives de la Nation de 1990, afin que les prochaines élections générales se déroulent dans la paix et la concorde, pour renforcer le développement du pays. Il rappelle les cris de cœur de la société civile, de la Conférence épiscopale du Bénin et du Cadre de concertation des confessions religieuses, qui appellent à des élections inclusives, équitables, transparentes et pacifiques”, souligne le parti Les Démocrates dans le compte-rendu signé de l’ancien secrétaire du gouvernement, Alassane Tigri. Dans cette perspective, fort de leurs expériences dans la gestion de l’Etat et surtout de leur engagement patriotique aux côtés des populations en détresse, précise Alassane Tigri, “ces acteurs majeurs de la vie politique de notre pays depuis la Conférence Nationale pourraient se retrouver dans les jours à venir autour du Patriarche Soglo pour repenser notre Vivre-ensemble et porter le fruit de leur réflexion au Président de la République”. Voilà qui montre clairement que Yayi Boni n’a pas effectué une visite pour la forme ou le simple plaisir chez chacun de ces présidents d’institution de la République. Les enjeux de 2026 et l’avenir du pays préoccupent. Ces figures majeures, qui maîtrisent l’histoire du Bénin suivant les différents régimes ne sont-elles pas représentatives pour des réflexions constructives ? Mais seront-elles écoutées par le pouvoir de la Rupture ? La réponse dans quelques semaines voire mois.

Et Ousmane Batoko dans tout ça ?

Dans ses rencontres d’échanges avec des acteurs majeurs de la vie politique béninoise , l’ancien président de la République et président du parti Les Démocrates ne s’est curieusement pas affiché avec Ousmane Batoko. Cela s’explique-t-il quand on sait que jusqu’à un passé récent, cette figure de la Révolution et de la Conférence nationale a dirigé en tant que président d’institution, la Cour suprême? Mieux, Ousmane Batoko, vers fin 2024 a effectué des sorties médiatiques pour partager ses craintes au sujet de la situation sociopolitique du Bénin en interpelant le chef de l’État, Patrice Talon ainsi que les présidents d’institution de la République en fonction. Ousmane Batoko est-il hors du territoire national ou une option de Yayi de limiter sa liste d’acteurs à consulter à cet échantillon ?

La Rédaction