Victime de viol à 19 ans : Le témoignage poignant de Nadia Okoumassoun
Victime de viol à 19 ans : Le témoignage poignant de Nadia Okoumassoun
-Elle dénonce les travers de la société qui préfère accuser la victime au détriment du bourreau
-La présidente de l’Ong Femme Capable regrette les attaques contre Angela Kpéidja
*Dans un post balancé sur son compte Facebook, la présidente de l’Ong Femme Capable, Nadia Okoumassoun, raconte le viol qu’elle a subi dans sa tendre jeunesse. Des confidences poignantes…*
Violée à l’âge de 19 ans, alors que j’étais encore vierge et réduite au mutisme en raison de la réaction de mon feu père, il était temps de briser la glace!
Je venais à peine de couper court à une relation amoureuse pour laquelle je croyais tout donner pour ne jamais assister à une prématurée trahison quand je rencontre Roberto; ce bel homme, de taille, de forme que de visage. Je l’avoue.
Son jeune âge ne pouvait l’empêcher d’occuper de grands postes de responsabilité dans l’entreprise au sein de laquelle il faisait feu de tout bois pour mériter la confiance de son employeur.
Son charme ainsi que son charisme ne pouvaient laisser aucune femme indifférente. Sans hypocrisie aucune, je n’ai longuement pas réfléchi avant de lui dire OUI quand il a décidé de me faire ses avances.
En ces temps, pour mon père, ma jumelle et moi étions encore enfants, privées de toute sortie, de toute distraction et même de toute amitié.
Les amitiés avec nos camarades filles n’avaient droit de cité qu’au collège et pas plus.
Entre continuer par suivre les règles de la maison en respectant les consignes de papa et arracher notre liberté, il fallait faire un choix.
J’ai alors décidé de sauver mon amour pour Roberto.
C’est ainsi que je devais à chaque minute me cacher pour écrire avec mon bel homme et me permettre le risque des appels par moment.
Pour rappel, je vivais à Dassa et Roberto lui à Cotonou.
À chacune de ses descentes à Dassa, pour espérer juste contempler son visage, il me fallait créer une histoire qui m’obligerait à me rendre dans l’entreprise au sein de laquelle il travaillait, pour avoir la permission de sortie mais accompagnée de mon grand-frère.
Au grand jour, Nadine et moi avons décidé d’arracher notre liberté.
Nous avons donc attendu que papa sorte de la maison pour convaincre maman de nous laisser sortir.
Ce jour-là, si j’ai encore mémoire de la scène, nous lui avons dit que nous allons à la pharmacie, ce qu’elle ne nous a pas refusé.
Elle nous a juste demandé de vite revenir.
Une fois sorties de la maison, Nadine est allée rejoindre ses amies et moi, j’ai pris la direction de l’hôtel où logeait mon amoureux Roberto qui venait d’arriver dans la ville.
À l’hôtel, sous ses instructions, ils m’ont dirigé directement vers sa chambre. Comptant sur sa sagesse, je ne m’étais pas opposée.
Une fois rentrée, il a aussitôt bloqué la porte après moi (chose normale peut-être).
Ensuite, il m’a pris dans ses bras pour me faire un long et tendre câlin.
En effet, nous avons pris environ 30 minutes pour discuter comme nous en avions l’habitude. C’est juste après cet échange de belles paroles, que monsieur commence par m’embrasser lentement et passionnément, ce que je n’avais pas désapprouvé parce qu’en réalité j’adorais ses lèvres.
Mais la belle vie s’arrêtera aussitôt que monsieur commença par descendre ses mains pour me caresser les seins et les fesses, ma tenue robe blanche était devenue un atout afin que ses doigts puissent se retrouver très rapidement entre mon entrejambe.
Je l’ai aussitôt arrêté de façon ferme, parce que, je craignais qu’on ne fasse l’irréparable.
Pour moi, je voulais garder ma viginité jusqu’au mariage.
C’était un pacte entre Nadine et moi.
Malheureusement, monsieur me dit qu’il a vraiment envie de moi.
En sanglots, je me suis mise à genoux, le suppliant de me laisser partir. Comme on pouvait entendre : “Roberto, je ne suis pas encore prête…je te prie…ne me fais pas mal!”.
Je lui ai clairement dit, et il le savait déjà puisque nous en avions plusieurs fois parlé, que je ne l’avais jamais fait auparavant.
Je l’ai supplié de ne pas gâcher mon bonheur.
Méconnaissable, monsieur était incapable de s’arrêter. Même mes pleurs n’ont pu l’empêcher d’aller au pire.
Il m’a jeté dans le lit, fait remonter la robe, fait écarter violemment mes jambes. Nonobstant mes cris incessants, il m’a pénétré comme un vrai sadique.
Quand il a fini sa sale besogne, me voyant baigner dans le sang et une douleur indescriptible, il s’est mis à me supplier de le pardonner.
Il m’a dit qu’il ne savait vraiment pas ce qui l’avait pris et qu’il regrette amèrement ce qu’il venait de poser comme acte irréparable.
J’avais tellement pitié et honte de moi-même.
Parce que, je ne pouvais pas crier de peur que l’histoire ne se répande et que papa l’apprenne.
À cet instant précis, ma seule peur était :
Que faire pour ne pas tomber grosse?
Je ne pouvais pas non plus en parler à ma jumelle parce que j’avais aussi peur de sa réaction.
J’ai dû appeler mon meilleur ami de l’école, David il s’appelle. Je l’ai rejoint, puis je lui ai tout raconté.
Lui, il m’a donné des comprimés, me rassurant que je ne tomberai pas enceinte.
Entre le dégoût de moi-même, la peur d’affronter mes parents et mon incapacité à livrer mon boureau à la Police, j’étais perdue entre mes pleurs.
J’ai gardé ces séquelles pendant des années.
Et je me rappelle, il y a quelques jours, quand je décide d’en parler à mon mec et un ami, les deux se mettaient à me fixer d’un regard accusateur.
Il m’ont clairement dit: ce n’est pas un viol çà!
“Tu es allée voir la personne à l’hôtel, sans rien mettre en bas de ta robe. Avoue que tu en avais envie.”
C’est tellement dégoûtant d’entendre toutes ces choses après ce que j’ai subi comme traumatisme pendant de longues années.
Et quand je revenais sur Facebook lire toutes les critiques acerbes autour de l’histoire de Angela Kpéidja, je me demande dans quelle société sommes-nous?
Je m’écoeure aujourd’hui de voir toute l’énergie que l’on déploie pour accuser une victime alors qu’on aurait pu moraliser, décourager et punir ces hommes sans scrupule qui se laissent à de telles bassesses.
Il faut que ça cesse!
Il n’y a pas de viol consentant.
Quoi que tu te donnes comme motif, lorsque tu décides d’avoir des relations sexuelles avec une femme sans son avis, tu es un violeur.
Parce que le respect dû à la gent féminine fait partie de l’ éducation à moi transmise par mes parents, et donc de mes valeurs.
Parce que je ne supporte pas la violence et la brutalité à son égard, je condamne avec fermeté cette pratique malsaine.
À bas les violeurs!
À bas les hommes qui cautionnent le viol peu importe la forme qu’elle prend!
Je suis Nadia OKOUMASSOUN,
Présidente de l’ONG Femme Capable.