Opinion de Edmond Ayindé : Le Destin…!
On fait appel au destin chaque fois que ça va mal pour nous. Chaque fois que le cours des événements devient funeste et apporte des difficultés, on dit que c’est le destin. Quand le cours des événements est à notre avantage, alors on dit le contraire. Ah, nous en sommes pour quelque chose ; on a mis le meilleur de nous-même : l’effort, les bonnes projections. On ne peut pas en vouloir à quelqu’un qui est dans la misère de mettre tout sur le dos du destin. On ne peut lui en vouloir quand il parle de la fatalité ou quand il dit : c’est écrit quelque part que tout lui tomberait déçu. Nous cherchons toujours des causes à ce qui nous arrive. On dit souvent c’est mon karma. Le karma c’est un mot qui traduit une sorte de redevance. Je veux bien nuancer. Notre destinée est déterminée par la totalité de nos actions passées, de nos vies antérieures. Si je suis loti de telle manière, c’est que sans doute dans une vie antérieure un autre parent sûrement a posé un certain nombre d’actes dont ma naissance doit payer le prix. On relie le présent, le passé et le futur. Nous nous résignons dans cette chaîne de fatalité.
Je pense qu’il n’y a ni de karma ni de destin. Le destin, d’ailleurs à mon sens, se manifeste au bout de la chaîne. Par exemple quand certains parmi nous visiblement alignent les échecs, on trouve en eux un destin de looser. Quand par contre d’autres évoluent de succès en succès, on les appelle gagnant. Si lors d’une chute dans la réalisation d’un projet nous nous laissons à la fatalité de ce que c’est notre destin qui se manifeste ainsi, alors nous sommes à terre. Ça me rappelle une chanson que j’aime bien. J’en cite quelques paroles : “les gagnants ne sont pas ceux qui n’ont jamais chuté mais c’est ceux qui ont su toujours se relever”.
J’entends dire souvent vous êtes né dans le malheur, c’est la volonté de Dieu pour vous. Il faut se résigner, porter sa croix. Je peux vous dire aujourd’hui que Dieu ne nous veut pas le malheur. C’est pourquoi il nous a créés tous égaux.
Le bon sens, écrit Descartes, est la chose au monde la mieux partagée. Prendre le destin comme un bouc émissaire, comme la cause de notre inaction, Dieu ne devrait pas l’aimer. Si nous croyons et subissons ce que nous appelons destin, nous sommes en contradiction flagrante avec ce que Dieu veut pour nous. Dieu nous a créés libres. Et cette liberté prend sa source dans le libre arbitre.
Le destin est évoqué généralement lorsque nous vivons une crise, un drame. Il est souvent lié au mal. Par contre, lorsque tout va bien on oublie souvent le destin. On ne va pas chercher des explications quand tout baigne. Quand on est dans une situation très compliquée et qu’on ne comprend pas ce qui nous arrive, alors on lie tout au destin. Se référer au destin c’est souvent revenir sur le passé. Et qui revient constamment sur le passé a les yeux rivés sur les rétroviseurs, et ne saurait avancer.
Travaillons librement. Pour ceux d’entre nous qui croient en la parole je voudrais citer Mathieu 5-3 *”Bien heureux sont les pauvres en esprit, car le Royaume des cieux est à eux”* : ceci soulève a mon sens une contradiction car Dieu n’a rien prévu pour nous si ce n’est le bonheur. Faisons l’effort de puiser la substance de nos échecs pour avancer. Dites-nous que nous sommes tous égaux presque. Je dis presque parcequ’il y a quelques différences. Mais nous pouvons réussir en brisant certaines barrières, en enlevant de notre tête que nous sommes nés pour échouer.
Jeunesse africaine, certains te diront que tu as un destin d’esclaves que tu dois servir, que tu dois subir, que tu dois baisser la tête, que c’est écrit quelque part, que c’est ton destin. Disons non en chœur et levons-nous pour affronter avec courage et détermination l’avenir. L’avenir de ce continent repose sur nos épaules.
Une réflexion de 4h du matin
Bonne méditation
Edmond AYINDE