Le Pr Baloubi à propos de la création du Sénat au Bénin : “Ce projet (…) sera l’une des innovations les plus épatantes dans l’histoire politique…”

Le Professeur Salif Désiré Baloubi est preneur de la révision de la Constitution avec l’institutionnalisation d’un Sénat. Pour l’universitaire béninois résidant aux États-Unis, il faut changer de paradigme en faisant la politique autrement en Afrique. Lire l’intégralité de son opinion sur ce sujet qui fait couler beaucoup d’encre et de salive à quelques six mois de la fin du mandat du président Patrice Talon.
Ma lecture du nouveau projet de révision de la constitution Béninoise
Tout comme si le ciel nous tombait soudainement sur la tête, puisqu’on ne le voyait peut-être pas venir nécessairement, on pourrait le prendre pour un complot de plus ou pour un véritable coup de grâce. Pour moi, ce projet, une fois adopté, sera l’une des innovations les plus épatantes dans l’histoire politique de notre cher et beau pays, le Bénin.
Je comprends les inquiétudes et la position des uns et des autres sur la proposition de modification de la Loi Fondamentale de notre pays récemment introduite par les honorables députés Aké Natondé et Seibou Assan. Vue de façon eurocentrique, la démocratie, pour beaucoup d’Africains, n’existe pas sans les rivalités, les inimitiés, la haine viscérale, voire les luttes à mort entre Opposition et Mouvance qui ont pour corollaires l’exil politique, la prison, les tueries et le déchirement du tissu social. Veuillez excuser le cynisme ainsi exprimé! Ce n’est en rien mon intention d’offusquer ceux qui ne partagent pas ma vision de la res politica, la chose politique. Non, je voudrais simplement que nous nous posions cette question: Et si l’on faisait la politique autrement? C’est justement cela que je nous suggère de rechercher.
Moi je suis foncièrement contre le système partisan tel qu’il est pratiqué en Afrique. Je n’en veux pour preuve que tout ce qui nous est arrivé et tout ce que nous avons vécu depuis les indépendances de 1960 et même depuis la Conférence des Forces Vives de la Nation et la mise en oeuvre de la Constitution du 11 décembre 1990 jusqu’à ce jour. Le constat est que, malheureusement, comme dans une pièce théâtrale, chaque régime vient jouer son rôle dans une scène qui lui est propre et est détrôné ou succédé par un autre dans une suite illogique, sans aucun programme ou projet de société pensé, ficelé et adopté pour une application à court, moyen et long terme au profit de toute la nation et non à des fins électoralistes pour servir des intérêts partisans. Dans un tel contexte, on vote souvent contre et presque jamais pour quelque chose. On dénigre et vilipende allègrement chaque administration défunte, puis on jette le bébé avec l’eau de bain. On sacrifie les intérêts du peuple et de la patrie à l’autel de la compétition partisane qui, hélas, devient la norme sans pour autant contribuer au bonheur des laborieuses populations de nos villes et campagnes. On refuse de se mettre ensemble pour mieux faire, pour bâtir le même édifice qui pourtant nous abrite tous. On est aveuglé par nos velléités et consumé par le désir de contredire à tout prix le régime au pouvoir dont les prouesses, s’il y en a, sont rarement reconnues et félicitées. Si l’on ne trouve que du mal dans tout ce qu’un régime fait, ce n’est pas de la bonne critique. C’est plutôt la manifestation d’un esprit de critique qui généralement nous retarde, nous arrière fondamentalement.
Ensemble, nous serons plus forts si nous adoptons un programme national que nous soutenons tous dans un chronogramme donné sectionné selon la durée de chaque mandat politique. Ainsi, nous devons déjà concevoir le Bénin de 2050, avec les ODD à atteindre au bout de chaque quinquennat. On évaluera donc chaque régime sur la base de ses performances beaucoup plus objectivement que par le passé.
En définitive, j’ai la ferme conviction qu’on peut mieux faire en mettant la Patrie avant le Parti. Si c’est cela que vise la création de l’institution Sénat avec de nouveaux articles, eh bien, moi je suis preneur. Honorables Députés a l’Assemblée Nationale, Il faut un débat sincèrement patriotique autour de ce grand changement. Le peuple vous interpelle et vous observe. Au sein de la Commission de Loi comme en session plénière, toutes les analyses et opinions doivent être permises pour dégager un consensus parlementaire. C’est aussi cela la démocratie!
Nous n’avons qu’un seul pays et une seule nation qui doit rester indivisible en dépit de tout obstacle imaginable. Certes, les défis sont énormes, mais nous les surmonterons tous. Les enjeux sont grands et parfois effrayants, mais nous saurons les appréhender pour nous hisser à la hauteur des tâches qui nous incombent individuellement et collectivement. Depuis ma ville d’accueil ici aux États-Unis, je prie pour qu’Allah nous pardonne nos péchés et accepte nos prières. Oui, Bâtissons Ensemble le Bénin Émergent!
Vive le Bénin uni pour toujours!
Tous pour la Patrie!
La Patrie pour Tous!
Prof Hajj Salif D. Baloubi, Administrateur du forum «Patriotes de la Diaspora Béninoise»
Norfolk State University
Virginia, USA




