Incendie d’un entrepôt d’essence à Sèmè-Kraké : Jonas Gbènamèto accuse l’Etat

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Un Samedi noir ce 23 septembre 2023, au Bénin. 35 personnes sont décédées dans un incendie, ce jour qui aura marqué les esprits à jamais. Une vingtaine ont frôlé la mort. Des individus , dans un entrepôt de 1000m2, ont vu leur mort venir mais sont incapables de se sauver, puisque piégés par ce feu à qui, il aura fallu juste quelques secondes, pour embraser la devanture de l’entrepôt et gagner ensuite une bonne partie de la scène du drame. D’autres un peu plus habiles, mais déjà atteints par le feu, couraient le corps brûlés en criant à l’aide. Une profonde tristesse, une douleur énorme et une séparation forcée pour les familles éplorées par cette tragédie . Une de plus d’ailleurs, après celle de Dassa-Zoumè mais à la seule différence que le bilan est plus lourd cette fois-ci. 35 morts dont deux bébés ; 20 blessés graves à différents degrés dont 12 en état critique. Mais alors, quand on jette un coup d’œil sur l’origine de cet incendie, qui, selon nos sources, a été déclenché lors du déchargement d’un véhicule de transport de l’essence de contrebande, une autre porte s’ouvre, non pas aux flammes mais cette fois ci, à la curiosité. Encore mieux, quand on sait que selon le maire de la commune de Sèmè-Podji, ce site de vente d’essence frelatée “n’est pas un site clandestin”, et donc formel, l’amalgame gagne les esprits. Dans un pays où, l’État lutte acharnement contre la commercialisation de l’essence frelatée dite “Kpayo”, comment se fait-il que ce site soit formel, reconnu par l’État ? Comment se fait-il que plutôt que de sensibiliser ces citoyens pour la libération de cet espace ou d’interdire ce commerce, la mairie de Sèmè-Podji va régulièrement “faire les formalités administratives” sur le site ? La lutte contre la vente de l’essence frelatée se fait-elle sous deux angles dans un même pays? Chose encore curieuse, l’incendie a déjà fait ravage en mars 2023 sur le même site avec de grands dégâts matériels. Les autorités attendaient donc une tragédie avant de prendre les mesures idoines et suspendre les activités sur le site ? Bien que ces citoyens soient en partie coupables de leur malheur sachant bien que cette activité est interdite au Bénin, les responsables ayant encouragé cette activité dans la commune sont aussi coupables que la population. Et que dire de l’État central ?

L’ on aura beau blâmer les commerçants qui ont été ruinés par les œuvres de leur mains mais en réalité, le programme de recensement des vendeurs d’essence frelatée est à quel niveau ? l’État a-t-il déjà trouvé une meilleure proposition aux commerçants afin que, après l’abandon de ce commerce, ils ne soient pas laissés à eux-mêmes dans un chômage à durée indéterminée ? L’incendie qui a consumé nos concitoyens ce samedi 23 septembre 2023, rend tout aussi coupables et population, et autorités. Il interpelle la conscience collective. Quelle issue sera alors donnée à ce dossier, à ces familles éplorées ? Autant de questions sans réponses, mais il faut ne surtout pas perdre l’aspect d’accumulation de tragédies durant cette année 2023. Les leaders religieux jouent-ils véritablement leur rôle ?

Evelyne DOSSOU