Chronique : Oligui Nguéma, qu’on le veuille ou non…

Au Gabon, Brice Clotaire Oligui Nguéma est dans les starting-blocks pour la course à la présidentielle du 12 avril 2025. C’est un secret de polichinelle. Pour en arriver là, le président de la Transition et ancien patron de la Garde républicaine a dû déposer son paquetage de Général de brigade pour se mettre dans la peau d’un civil. En bon légaliste, Brice Clotaire Oligui Nguéma s’est donc conformé à l’une des exigences de la loi électorale gabonaise, sollicitant ainsi une mise en disponibilité de l’armée. Ce que le Ministère de la Défense a approuvé. “J’irai en indépendant”, avait-il laissé entendre, mettant en place, par la suite, une plateforme, le “Rassemblement des Bâtisseurs” ; bannière sous laquelle il va officiellement à la conquête du fauteuil présidentiel.
Depuis le 3 mars que le Général, tombeur d’Ali Bongo, a mis fin au suspense sur sa candidature pour la magistrature suprême, les commentaires et critiques vont bon train, aussi bien à l’interne qu’à l’international. Dans certains milieux politiques et chez certains observateurs et analystes, c’est une trahison. Il aurait pu sortir par la grande porte en ne se lançant pas dans la compétition. Et, bien d’autres inutilités…
Dans un contexte où d’une part, sur le continent, des chefs d’Etat ” démocratiquement élus” remettent en cause leur serment, piétinent violemment la Constitution sur la base de laquelle ils ont été portés au pouvoir, procèdent à la dissolution d’institutions stratégiques de la République, n’organisent pas régulièrement l’élection présidentielle, profèrent des menaces à des missions dépêchées à cet effet par des organisations communautaires qu’ils ont pourtant dirigées, et au nom desquelles eux-mêmes ont pris position contre leurs pairs qui se seraient retrouvés en marge de principes démocratiques ; et dans un contexte où d’autre part, des frères d’armes, arrivés au pouvoir, presque dans les mêmes conditions, ii y a quatre ou trois ans, sont encore dans l’incertitude d’organiser des élections pour tourner la page de régime militaire ou junte, il convient tout de même de féliciter et d’encourager le Général qui a conduit la Transition au Gabon.
Oligui Nguéma, qu’on le veuille ou non, est resté dans le délai souvent imposé par les institutions communautaires dans des cas de prise du pouvoir par les armes ou de remise en cause de l’ordre constitutionnel. En dix-huit mois, il a su faire l’essentiel du job en marquant les esprits. Oligui Nguéma, qu’on l’aime ou pas, il a réussi, en très peu de temps, à restaurer l’image, autrefois, d’un Gabon grabataire, chancelant, à la limite honteux. Qu’on m’en excuse ! Sur le plan diplomatique, c’est une offensive qui a été observée à l’instar de la jeunesse et de la vivacité qui caractérisent le président quinquagénaire de la Transition.
Point besoin de le prouver. L’infatigable Brice Clotaire Oligui Nguéma était sur tous les fronts. Un vrai homme de terrain. Au quotidien, il était au contact et à l’écoute de ses concitoyens et même des autres nationalités vivant en terre gabonaise. Pratiquement tous les secteurs du développement ont reçu la touche du Bâtisseurs : infrastructures routières, marchandes, assainissement, électricité, l’emploi de la jeunesse, …sans oublier sa lutte implaccable contre l’enrichissement illicite, la prévarication. Qu’il ait pu faire tout cela à la suite d’un système, qui s’est enraciné du père au fils pendant cinquante-six ans et auquel on ressasse qu’il a appartenu sur plusieurs années, ce n’était pas évident.
Oligui, le favori…
C’est donc à juste titre qu’aussitôt après l’officialisation de sa candidature à l’élection présidentielle du 12 avril, Brice Clotaire Oligui Nguéma reçoit du soutien d’un peu partout sur le territoire gabonais et de l’étranger. Il ratisse large. Plusieurs partis politiques dont celui de l’Oncle d’Ali Bongo, Jean-Boniface Assélé, appellent à voter pour le candidat du Mouvement, le Rassemblement des Bâtisseurs. C’est aussi le cas de l’actuel premier ministre, Raymond Ndong Sima et son parti ainsi que du Rassemblement pour la patrie et la modernité d’Alexandre Barro Chambrier, actuel Vice-Premier ministre ; l’Union nationale de Paulette Missambo présidente du Sénat et Florentin Moussavou, président de Conscience et action citoyenne. Dans le lot des partis qui soutiennent Oligui Nguéma, il y a plus de 1. 200 associations ayant déjà adhéré à la plateforme des Bâtisseurs, Et ça ne faiblit pas.
Ce 8 mars, jour où le président de la Transition déposait sa candidature au ministère de l’intérieur au Gabon, un de ses admirateurs l’adoubait en direct sur une émission, depuis le Bénin, précisément la capitale Porto-Novo : ” Oluigui c’est mon candidat, mais au delà, c’est le bâtisseur que j’attends pour le Gabon”, s’est réjoui le consultant en communication politique et en économie fondamentale, Dr Bertin Koovi. Dans la même veine, de passage à Cotonou quelques jours après, le consul honoraire du Bénin au Gabon, interviewé, a salué l’avènement de cette candidature du Général président : “La candidature de notre président de la Transition est la bienvenue (…) Regardez ce qu’il fait aujourd’hui : dans le social, n’en parlons pas ; l’aménagement des routes, l’éducation, la santé… Vraiment, c’est un homme qui est au four et au moulin.”, a avait déclaré le consul honoraire Yessoufou Maroya.
À bon vin, point d’enseigne. Au peuple gabonais d’opérer le bon choix au terme de la campagne qui sera ouverte fin mars. Mais, au nombre des quatre candidatures retenues, le président Brice Clotaire Oligui Nguéma part, a priori, favori. C’est une question de logique.
Chamss-Deen BADAROU