Assemblée Nationale : les leçons de Gbadamassi à Médégan Fagla

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Avec cette Assemblée nationale qui est à sa 8ème législature, le niveau des débats parlementaires a drastiquement baissé. Ce n’est pas moi qui le dis. L’affirmation vient de l’hémicycle et précisément d’un député et pas des moindres. Il s’agit, pour ne pas le nommer, de Rachidi Gbadamassi qui est à sa énième législature. Membre influent du parti Bloc Républicain soutenant les actions du pouvoir de Patrice Talon et président de la Commission de Défense et des relations extérieures, Rachidi Gbadamassi a fait cette déclaration après la bourde, le 17 janvier 2020, de Sedami Medegan Fagla sa collègue, pardon de sa ” jeune collègue ”, pour rester fidèle au propos du député. L’élu de la 8ème Circonscription électorale ne tolère pas que la députée de l’Union progressiste, 15ème Circonscription électorale, toujours de la Mouvance présidentielle, s’immisce dans son intervention et lui parle de courtoisie lorsqu’un ministre du gouvernement s’explique devant la Représentation nationale suite à son interpellation.

Ce grabuge entre députés BR et UP a eu comme conséquence immédiate, une partie de cours de droit sur la pratique à l’Assemblée nationale, administré par le “Buffle de Parakou” au Dr Sedami Medegan Fagla, même s’il dit lui avoir pardonné son agissement. Pour Rachidi Gbadamassi, c’est la méconnaissance du Règlement intérieur de l’Institution qui a dû jouer un sale tour à la députée qui est à sa première législature.

Sinon, selon lui, l’article 49 point 7 dudit texte interdit toute interpellation d’un collègue en ces circonstances.  << J’ai compris que depuis un certain moment que le niveau parlementaire a considérablement baissé (…). L’animation de la vie parlementaire, le débat parlementaire n’a rien à voir avec le niveau intellectuel, fût-il bombardé de diplômes: Docteur, Agrégé… C’est deux mondes différents. Même quand vous êtes Agrégé quelque part et vous allez au Parlement pour la première fois, vous êtes en première année. C’est deux mondes diamétralement opposés, deux styles de vie différents, deux techniques différentes (…). Beaucoup ne connaissent pas le Règlement intérieur >>, a-t-il déploré.

Et il poursuit : << Quand vous ne maîtrisez pas le Règlement intérieur, il faut éviter de faire un débat parlementaire. La fondation d’un débat parlementaire nécessite un minimum de maîtrise du Règlement intérieur. Quand vous ne maîtrisez pas le Règlement intérieur et vous voulez mener un débat comme les autres, vous passez à côté. Donc je n’en veux pas à cette jeune collègue qui a beaucoup à apprendre >>.

Rachidi Gbadamassi ne s’est pas arrêté sur ce pan des textes régissant le haut lieu des débats politiques. L’autre méconnaissance totale de cette jeune collègue, signale-til, c’est qu’elle oublie le principe de l’irresponsabilité et d’inviolabilité dont est couvert le député. Bref, Rachidi Gbadamassi rêve d’un Parlement où le niveau des débats va refléter celui connu aux première, deuxième et troisième législatures dont les figures de proue, comme il l’a rappelé, étaient Albert Tevoedjre, Rosine Soglo, Adrien Houngbedji, pour ne citer que ces noms.

Et pour que son rêve se concrétise, Rachidi Gbadamassi interpelle le président de l’institution parlementaire, Louis Vlavounou afin qu’il initie des formations au profit de la 8ème législature. << Il faut visiter l’histoire du Parlement. On ne fait pas de cadeau là-bas. Le député, c’est l’Avocat parlementaire au service du peuple>>, conclut-il.

Un gros pavé vient ainsi d’être jeté dans l’hémicycle. De ma position de Chroniqueur, je n’ai pas de commentaire à faire pour le moment. Je laisse chacun se faire son idée sur la préoccupation.

À très vite!

Chamss-Deen BADAROU