Pour des élections apaisées en 2026 au Bénin : Qu’est-ce qui bloque le pardon et la réconciliation au plan politique ?

0
307

Après avoir œuvré avec succès pour la réunification des fidèles protestants méthodistes au début de son premier mandat, le président Patrice Talon poursuit sa médiation sur le terrain religieux. Cette fois, il s’illustre avec l’Église du christianisme céleste, également minée par des décennies de divisions internes.

Lors d’une cérémonie marquante organisée ce samedi à la salle rouge du Palais des congrès de Cotonou, le chef de l’État a été chaleureusement remercié et béni par les dignitaires et fidèles célestes. L’événement a abouti à la mise en place d’un conseil de transition de quinze membres, chargé de réviser les textes fondamentaux de l’Église au symbole arc-en-ciel, en vue de l’élection et de l’installation d’un nouvel organe dirigeant dans un délai d’un an. Il s’agit là d’un deuxième exploit dans le domaine ecclésiastique pour Patrice Talon.

À quand le dialogue et le pardon sur le champ politique ?

Cependant, cette dynamique de pardon et de réconciliation prêchée par le président de la République soulève une interrogation dans l’opinion publique : pourquoi une telle volonté de pardon et de réconciliation peine-t-elle à se matérialiser sur le terrain politique ?

En effet, nombreux sont les Béninois qui appellent de tous leurs vœux un geste similaire au sein de la classe politique pour un climat apaisé en cette veille des élections générales de 2026. Il n’est plus un secret pour personne que dans les discours récurrents, sous le pouvoir de la Rupture, notamment ceux tenus par l’opposition, plusieurs acteurs de la société civile et même des figures de la Mouvance, les revendications se font persistantes sur un meilleur vivre-ensemble au plan. Et la clé pour y aller selon ces acteurs, c’est le retour des exilés politiques, la libération des détenus politiques, la relecture du code électoral pour des élections inclusives, un dialogue national inclusif.

Il est une évident que pour que tout cela se concrétise, il faut un sursaut, jouer franc jeu, opter pour le pardon, dialoguer dans l’objectif d’une réconciliation nationale. Fort de cela, beaucoup pensent aujourd’hui, dans l’opinion, que les paroles de pardon, de rassemblement et d’union prononcées par le président devant les dignitaires et fidèles célestes devraient également s’appliquer au plan politique. “Ici, nous venons de donner le sens du pardon, de la concorde ; nous venons de donner un sens au mot pardon, et par dessus tout, nous venons de donner un sens au mot paix. C’est un bon signal que nous envoyons au monde entier : la paix entre les hommes , entre les religions, entre les nations, entre les communautés….”, a déclaré Patrice Talon devant la communauté de l’Église céleste.

Quand on sait que dans un passé récent, le chef de l’État, au détour d’un tête-à-tête avec des membres de l’opposition avait affirmé fermement que le pardon peut être une faute, pourra-t-il fléchir pour favoriser une véritable décrispation politique ? Acceptera-t-il, avec sa majorité, de réviser certaines dispositions contestées du code électoral pour des élections voulues apaisées en 2026 ? Patrice Talon au nom du pardon, pourra-t-il autoriser le retour des exilés et la libération des détenus ? Le défi est aussi de taille sur le terrain politique pour un meilleur vivre-ensemble et le renforcement de la cohésion nationale.

Anselme ORICHA