Désignation des candidats pour la présidentielle de 2026 au Bénin : Les Démocrates, Fcbe, Up-r et Br au rythme de Talon

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À au plus sept mois du dépôt des candidatures pour l’élection présidentielle de 2026 au Bénin, aucun candidat n’est officiellement annoncé comme désigné, ni par l’opposition ni par la mouvance. Que ce soit chez Les Démocrates, le parti Fcbe, l’Up Le Renouveau ou le Bloc Républicain, rien de concret n’est su pour le moment. Même pas les noms des candidats à la candidature. C’est inédit ! Tous dansent, visiblement, au rythme d’un seul homme : le chef de l’État, Patrice Talon.

“Je pense que les partis politiques vont avoir des discussions en coulisses, c’est certain, peut-être d’ici un an à un an et demi. Mais la fièvre politique elle-même, ce sera peut-être six mois avant. Et je ne pense pas que des choses fondamentales, majeures, se décideront au sein des partis politiques plus de six mois avant l’échéance. Et d’ailleurs, vous savez, les acteurs politiques aussi n’aiment pas beaucoup cela”. Ainsi parlait le chef de l’État béninois, Patrice Talon, lors d’un entretien accordé à la télévision du service public Ortb, en décembre 2023. Et il inisiste : “La compétition, pour moi, va commencer au sein des partis politiques, les débats et les discussions vont commencer peut-être six mois avant. Ce serait une bonne période”.

Le président de la République répondait à la question des candidatures pour l’élection présidentielle de 2026. C’était à époque où des mouvements se créaient un peu partout pour susciter la candidature de certaines personnalités de son camp, dont Olivier Boko, son ami, récemment condamné à 20 ans de prison dans une affaire d’atteinte à la sûreté de l’État. Ces activités politiques soudaines n’étaient pas du goût du patron de la mouvance. qui y trouvait une campagne prématurée, en déphasage avec la réforme du système partisan dont il est l’initiateur, et qui voudrait que ce soient les partis politiques qui désignent d’abord les candidats.

Depuis cette déclaration, à pratiquement un an de l’élection présidentielle et sept mois du dépôt des candidatures à la Commission électorale nationale autonome, rien ne se profile au sein des formations politiques. Jusque-là, aucune annonce officielle de candidats à la présidentielle, encore moins de candidats à la candidature. C’est à croire que les partis politiques, toutes obédiences politiques confondues, se sont alignés sur la volonté du président Talon. Le silence est inquiétant et suscite beaucoup d’interrogations, surtout lorsqu’on sait que, par le passé, à plus d’un an de l’élection, l’on observe déjà une effervescence au sein des partis et dans le pays.

Pour justifier sa position, le chef de l’État met un accent particulier sur la réforme du système partisan qui vise à renforcer les partis politiques, tout en décriant la création de mouvements politiques tous azimuts au profit de tel ou tel potentiel candidat. Aussi,, avait-il critiqué le comportement de son ministre des Sports, Oswald Homéky, sorti du gouvernement pour avoir publiquement soutenu la candidature d’ Olivier Boko alors que son désormais ancien parti politique, l’Up le Renouveau n’a rien décidé dans ce sens.

“Aujourd’hui, aucun parti politique ne s’est encore lancé dans le choix des candidats, ni le Bloc Républicain, ni l’Union Progressiste, ni Les Démocrates, ni la Fcbe. Personne ne l’a encore fait. Et les organes des partis n’ont pas encore ouvert la compétition en leur sein. Comment peut-on voir quelqu’un qui a été au cœur de la réforme notamment le ministre auquel vous faites allusion ignorer son parti politique, ignorer cette réforme, ignorer cette bonne disposition qui gouverne aujourd’hui notre pays en matière politique et commencer à faire la promotion d’un candidat, son candidat à lui, celui qu’il estime être le bon pour 2026, au mépris de tout ce que nous sommes en train de bâtir ensemble ? C’est bien pour cela que je l’ai rappelé à l’ordre. Mais est-ce que ce n’est pas légitime de préserver nos petits acquis qui sont en train de se renforcer ? Pour moi, le moment n’est pas encore arrivé. Les partis n’ont pas encore ouvert la compétition”, déclare Patrice Talon, qui souligne par la suite : “Laissons-leur le temps d’ouvrir la compétition et de désigner leurs candidats. Leurs élus donneront les parrainages, et il faut souhaiter que cela se passe ainsi pour qu’il y ait de l’ordre, de la discipline et que le pays fonctionne conformément à une ligne directrice…”.

La réforme du système partisan prône des partis politiques forts et non des hommes forts qui influenceraient et dicteraient leurs lois. Pourtant, malgré cette volonté affichée du chef de l’État, il est difficile de croire que le Bénin dispose aujourd’hui de partis politiques forts. Patrice Talon a déclaré que, selon lui, le moment idéal pour le début de la compétition devait être six mois avant l’élection. Et tout semble lui donner raison. Les formations politiques, tous bords confondus, suivent docilement cette “ligne directrice”, et ne veulent pas la franchir visiblement. De peur de provoquer l’ire du patron ? Est-ce lui qui doit officiellement sonner le gong pour le top de la désignation des candidats et la mise en branle des partis ?

On pourrait comprendre cette posture pour ce qui est des partis de la mouvance présidentielle. Mais que l’opposition aussi soit dans un suivisme ou un mimétisme, cela paraît extraordinaire. Les partis se réclamant de cette opposition jouent le jeu de la mouvance et ne veulent pas non plus prendre les devants. Est-ce par prudence ? En tout cas, tout porte porte à croire que tout le monde aujourd’hui attend un top de départ pour se lancer dans la danse. S’il en est ainsi, la réforme du système partisan pour des partis forts, sans influence d’individus ne montre-t-elle pas là un signe de faiblesse ?

Anselme ORICHA