Perspectives de 2026 : Talon-Agbénonci : clash à durée déterminée ou indéterminée ?

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Jusqu’à son remplacement au gouvernement, il y avait malaise entre le chef de l’État, Patrice Talon et son ex ministre Aurélien Agbénonci. L’amputation du volet coopération de son département au profit du ministère des Finances avait été déjà perçu comme un signe avant-coureur par des analystes. La confirmation est venue à la passation de service. Le discours et le ton de Aurélien Agbénonci sont expressifs d’un clash entre les deux hommes. Morceau choisi :Au cours des sept (07) dernièrs années, j’ai contribué, autant que je pouvais, à accomplir la mission assignée à mon département, avec loyauté, dévouement et fidélité sous son autorité. Car, faut-il le rappeler, c’est lui qui, en vertu de ses prérogatives constitutionnelles, décide des orientations de notre politique extérieure en fonction des enjeux qui lui semblent importants et de ses ressources’’. L’ex chef de la diplomatie béninoise poursuit :‘’L’histoire saura certainement juger les actions qu’ensemble nous avons menées’’. S’adressant à son successeur, Aurélien Agbénonci profite pour repréciser à qui veut l’entendre les réelles missions du ministère dont il avait la charge, et qui, à bien décrypter son discours, ne saurait s’écarter de ces objectifs. Selon les confidences du journal panafricain Jeune Afrique, des désaccords sont nés avec le président Talon qui reprochait à son ami d’enfance une absence de résultats dans la mobilisation de ressources financières extérieures, car il faut le préciser, Patrice Talon est dans une vision de diplomatie économique et d’investissement.‘’ Monsieur le ministre, je vous laisse les clés d’un département spécial qui n’a pas vocation à délivrer un bilan en entrées et sorties monétaires’’, a répondu en parabole Aurélien Agbénonci. L’autre point de désaccord révélé par le magazine Jeune Afrique, c’est au sujet de la réduction de la carte diplomatique avec la fermeture de plusieurs représentations diplomatiques du Bénin dans la sous région et à l’international. Certains de ces pays n’ont pas apprécié cette dynamique de rationalité des ressources qui sous-tend cette option faite par le pouvoir de Patrice Talon. A en croire les écrits de Jeune Afrique, l’ex ministre des affaires étrangères se serait farouchement opposé à la fermeture de certaines ambassades. Et cela semble transparaître aussi dans son discours de passation de service :‘’c’est un ministère aux actions discrètes mais ô combien nécessaires pour préserver de bons rapports avec le reste du monde. De par sa nature, noblement régalienne, sa raison d’être est de révéler le dynamisme de notre pays, de créer un environnement régional et international qui soit favorable à ses ambitions, afin qu’il compte et rayonne davantage sur la scène internationale’’, rappelle le ministre Agbénonci qui conclut son adresse sur une méditation :‘’On dit que les transitions sociales, économiques, écologiques et numériques occuperont les réflexions de demain. Le destin de notre pays n’y échappera pas. Aussi, le guetteur de l’aube ou celui du soir devra-t-il s’accrocher à son bâton de pélerin, scruter l’horizon au prisme de ces défis. Lequel de ces guetteurs serai-je ? Je ne le sais pas encore’’. Eu égard à ce ressenti exprimé par Aurélien Agbénonci qui laisse clairement voir qu’il n’est pas content de la façon dont il a été remercié, on peut s’interroger sur l’allure que prend désormais la relation entre les deux amis. Marqué, Agbénonci va-t-il garder une dent contre Patrice Talon ? Ayant sans doute passé au crible le discours de son ami, quelle va être l’attitude du président de la République face à son ami d’enfance ? Il reste moins de trois ans pour la fin du dernier mandat de Patrice Talon. Va-t-il nommer son ami à un autre poste pour qu’il soit toujours du sérail ? Aurélien Agbénonci préfèrera-t-il repartir, de lui-même, dans son milieu onusien ? Bref, la bouderie sera-t-elle à durée déterminée ou indéterminée ? Autant d’interrogations.

E.D.