Situation de la femme béninoise : “L’espoir est permis”, selon Angela Kpeidja

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Situation de la femme béninoise : “L’espoir est permis”, selon Angela Kpeidja

Ce jeudi 25 novembre 2021, jour consacré à la célébration de la journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes, le monde entier démarre la campagne des 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre. Dans cette interview qu’elle nous a accordée, la présidente de l’Ong “N’aie pas peur”, Angela Kpeidja, relève les difficultés des femmes dans notre société et les défis qui attendent son association. Lisez plutôt…

*Ce 25 novembre, le monde entier célèbre la journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes. Au Bénin, avez-vous l’impression que les femmes sont de plus en plus protégées ? Quelle est la situation de la femme béninoise ?*

Avec les derniers changements intervenus dans les textes de lois qui protègent la femme, l’espoir que nous femmes retrouvions notre place est permis. Je loue ainsi la volonté politique qui s’exprime à travers les différentes lois votées et la nouvelle version de l’Institut national de la femme. Malgré tout, je reste sur ma soif parce qu’il reste que nos juridictions prennent leurs responsabilités pour sévir et régler avec une grande célérité les dossiers relatifs aux violences basées sur le sexe. Voyez-vous? La CRIET n’est pas accessible géographiquement à tous. Ensuite, au-delà des nouvelles attributions de l’INF, il faut aussi que cette maison de la femme dispose de ressources pour la prise en charge économique, sociale… des victimes qui après dénonciation, sont encore plus vulnérables. Il faut aussi ajouter que le combat social est le plus difficile parce que la volonté politique ne suffira pas pour éliminer ces violences. Il faut l’engagement des parents et adultes que nous sommes pour espérer un monde plus juste pour les générations futures.
Entre hier et aujourd’hui, la situation de la femme n’a pas pour autant changé du point de vue des statistiques. 3 femmes sur 5 restent sous l’emprise du harcèlement sexuel en milieu professionnel. Avec les informations constamment relevées par les médias en ligne et certains activistes, on constate qu’il y a actuellement une recrudescence des cas de viols. Et que dire des violences conjugales ? D’ailleurs, cette commémoration arrive dans une ambiance marquée par des violences physiques, psychologiques perpétrées à l’encontre de femmes régulièrement mariées et d’autres en plein divorce. En tout cas, l’homme béninois n’est pas encore prêt à céder un iota de son autorité à sa moitié même si la loi tente de mette à terre le patriarcat.

*A l’Ong N’aie pas peur, quelles sont les actions au programme de cette campagne des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes ?*

A l’Ong N’aie pas peur, nous lançons dès aujourd’hui une série de vidéos dont l’objectif est de vulgariser les temps forts de la riposte contre le harcèlement sexuel en milieu professionnel. Ces vidéos seront diffusées sur la page Facebook de l’association. Simultanément en tant que présidente de cette ONG et auteur de Bris de silence, j’ai jugé opportun de lancer sur ma page Facebook, une campagne dénommée “Mon corps crie”. Cette campagne est une déclinaison visuelle des conséquences du harcèlement sexuel et moral dans les milieux scolaire, universitaire et professionnel. Pour moi ce fléau est une problématique de développement. On ne peut pas brimer constamment une couche aussi importante de la société et espérer produire de la richesse.

*Pour finir, un message à l’endroit des femmes.*

Les femmes ! Elles devraient se recentrer sur l’essentiel. Utiliser les réseaux sociaux pour du make-up, c’est une façon de s’exposer aux violences. Nous devons garder notre féminité tout en faisant preuve d’intelligence, d’audace, de solidarité, de courage pour nous sortir des méandres de ces violences. A mon avis, nous devrions tourner dos aux guerres de leadership pour une lutte collective, la main dans la main.