Retrait du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la Cédéao : Les suggestions de l’abbé Arnaud Éric Aguénounon pour un retour de la paix
La crise au sein de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) continue de susciter de vives discussions. Suite à la création récente de la Confédération des États du Sahel par le Mali, le Burkina Faso et le Niger, il est évident que le fossé se creuse entre la Cédéao et ces trois pays désormais dirigés par des juntes militaires. Cette séparation avec l’organisation communautaire sous-régionale est-elle définitive ? C’est une question cruciale à laquelle nous devons répondre.
Dans une interview accordée à l’hebdomadaire catholique La Croix du Bénin, le Révérend Père Arnaud Éric Aguénounon, écrivain et analyste politique, a partagé ses analyses et suggestions. Directeur de l’Institut des Artisans de Justice et de Paix du Chant d’Oiseau de Cotonou, il a souligné le rôle que pourrait jouer le Bénin dans ce bras de fer entre les trois pays du Sahel et la Cédéao.
L’abbé Aguénounon a mis en lumière la force économique de la Cédéao tout en critiquant la gestion politique des chefs d’État de l’organisation. Selon lui, nombreux sont les présidents de la Cédéao qui se maintiennent au pouvoir par des moyens contestables, tels que des élections mal organisées ou des manipulations légales. Il distingue toutefois ceux qui ont été démocratiquement élus en conformité avec les principes démocratiques.
Il attribue la crise actuelle à un manque d’exemplarité politique et à une mauvaise gestion des libertés publiques et politiques. Par ailleurs, il souligne que le droit international public prévoit l’ingérence pour protéger la souveraineté des États, mais que la Cédéao n’a pas pris en compte les problèmes spécifiques du Niger, du Burkina Faso et du Mali, tels que la misère, la famine et l’insécurité, exacerbés par leur situation de pays enclavés.
L’abbé Aguénounon critique également les sanctions sévères imposées par la Cédéao, lesquelles ont principalement impacté les populations et aggravé la fracture sociale. Il appelle à une stratégie non basée sur les sanctions, rappelant que les trois pays du Sahel, avec une population combinée de 69 millions d’habitants et une superficie de 2,75 millions de km², sont loin d’être négligeables.
Il déplore les conséquences de cette scission sur la libre circulation des personnes et pense que si les choses restent en l’état, il faudra des accords entre États pour atténuer les impacts auxquels pourront faire face les populations. Il critique la position du Bénin, jugée peu diplomatique et davantage politique, et suggère que le pays adopte une approche favorisant l’économie.
L’abbé Aguénounon a évoqué également les répercussions politiques et l’impact sur l’unité africaine. Selon lui, la rupture actuelle constitue un coup dur pour la cohésion politique et les stratégies régionales en Afrique de l’Ouest. Il prône une stratégie diplomatique plus active et un dialogue continu pour rétablir les relations avec ces pays. Pour finir, il insiste sur l’importance d’une lutte collective pour résoudre cette crise, affirmant que ce n’est qu’ensemble que cette bataille pourra être gagnée.
Faosiya SEFOU