Promulgation du nouveau Code électoral par le Chef de l’État : Réactions divergentes des acteurs politiques

0
334

ROMULUS BIOKOU / CONSEILLER MUNICIPAL DU BLOC RÉPUBLICAIN

Notre devoir est de faire en sorte que le dernier des Béninois s’approprie ce nouveau code électoral.

Le code électoral modifié et promulgué représente le renforcement de nos principaux ensembles politiques. Le peuple doit s’en approprier, car cela élève notre nation dans le concert des grandes démocraties mondiales. Les citoyens doivent savoir que notre pays progresse en consolidant les fondements essentiels d’une démocratie forte. La réforme du système partisan demeure un élément clé pour maintenir ces bases solides. Nous exprimons une grande reconnaissance à la Rupture et à son leader, le Président Talon, homme visionnaire et ambitieux pour notre nation. Dorénavant, nous ne voulons plus reculer. L’alternance en 2026 est envisageable, mais pas pour défaire nos réalisations.

EMMANUEL AMOUSSOU / MEMBRE FONDATEUR DU PARTI LES DÉMOCRATES

C’est une déception totale au niveau des populations que nous sommes et au niveau de la démocratie béninoise. Une déception totale parce que nous ne dirons jamais assez, les politiciens vont toujours jouer le rôle des politiciens mais l’arbitre doit être impartial. Je dirais que quand bien même nous savons qu’à l’Assemblée Nationale, chacun tirera le petit drap de son côté, parce que majoritaire ou minoritaire, et que la majorité finit par s’imposer, il y a un filtre. Le filtre, c’est la Cour constitutionnelle. La Cour constitutionnelle doit dire le droit. Malheureusement, la cour du Professeur Sossa, que je respecte beaucoup, n’est pas rentrée dans l’histoire. Oui, le peuple l’attendait, au niveau de ce code électoral. On a comme l’impression que lorsque j’ai demandé à ce que vous révisiez la Constitution, vous n’avez pas révisé la Constitution, alors je vous attends au niveau du code électoral. Je fais ce que je veux au niveau du code électoral. C’est exactement ce qui s’est passé parce qu’il y a une clause de la charte de la CEDEAO qui stipule que les codes électoraux doivent être consensuels. C’est pour éviter des crises, c’est pour éviter des situations conflictuelles, c’est pour éviter que le pays ne prenne d’autres tournures que nous ne souhaitons pas après les élections. Tout ce que vous voyez un peu partout après les élections, c’est dû à un mauvais management, à un mauvais casting au niveau des lois qui régissent les élections. Nous savons et nous avons pensé qu’à un moment donné, la cour de Dorothée Sossa allait siffler la fin de la récréation et rentrer grandement dans l’histoire. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Ce n’est pas le cas tout simplement parce qu’on a même pensé qu’ils n’ont pas pris le temps de lire ce code. Vous voyez l’empressement avec lequel on a convoqué en même temps les partis en face, les partis qui ont déposé des recours. Et rapidement, on a dit bon, c’est conforme à la constitution. Ce n’est pas normal. Pour ce qui est de la vie de tous les Béninois, quoi qu’on dise, opposant ou mouvancier, le code électoral, une élection transparente, une élection équitable, une élection qui se passe et qui se déroule bien, est une joie pour tout l’ensemble des Béninois. Mais on ne le souhaite pas, une élection qui se passe mal, quoi qu’en soit ta position, de mouvancier ou d’opposition, aucun d’entre nous ne pourra véritablement se dire ce qui pourrait se passer. Oui, c’est ça le mal. On ne le souhaite pas. Si le Bénin s’est embrasé à cause de ça, c’est tout le monde. Il n’y a pas un Béninois entièrement à part ou un Béninois à part entière. Non. Nous sommes tous les mêmes. Nous savons que nous n’avons que ce pays-là que nous devons sauvegarder par tous les moyens. Quand bien même les intérêts de l’heure nous empêchent de réfléchir, nous devons penser que ça nous appartient à nous tous ce pays. Nous devons réfléchir par rapport à ce que nous devons aller à la cohésion, à la paix. On ne le souhaite pas. Pour ce qui concerne le code électoral, voté et promulgué malheureusement hier par les chefs de l’État, il y a beaucoup de choses qui font état à ce que, on se demande, si la Cour n’est pas en train de rendre service à un individu ou à un groupe d’individus, non, la Cour ne devrait pas rendre service à qui que ce soit. La Cour doit rendre service au peuple béninois. Et pour rendre service au peuple béninois, tout ce qu’on lui amène, elle doit prendre tout le temps pour bien l’étudier et voir ce qui est bien pour le peuple béninois et non pour un individu ou un groupe de personnes. Je prends ce code-là et je décortique quelques articles crisogènes. Vous voyez, on dit par exemple qu’au niveau des circonscriptions électorales, il faut réunir 20% de suffrages pour être éligible au niveau national. Après avoir réuni 10% évidemment au niveau national, ça veut dire quoi? Le parti, BR par exemple, si le parti dans une circonscription électorale a 10% ou 12% ou 18%, ce parti va tomber au niveau national quand bien même il aura 50%. Par exemple, je donne l’exemple, 50% au niveau national, ça c’est ahurissant. Ça veut dire que le peuple béninois ne va plus se retrouver dans ce qu’il a fait comme choix. Ça c’est une aberration qu’on n’arrive pas à comprendre et qu’on se demande si c’est vraiment des gens qui ont véritablement le souci de ce pays qu’ils ont fait et qui ont pris et qui ont fini par voter et faire passer ce code-là comme un code nickel. C’est dangereux. Un autre, ils appellent quelque chose, ils ont mis quelque chose là, nous savons qu’on appelle l’alliance, mais ils ne veulent pas appeler l’alliance parce que dans la constitution, il n’y a plus l’alliance du parti. Ce qu’on appelle, qu’ils ont joué à l’esprit en appelant accord, oui c’est accord parlementaire ou accord gouvernemental, vous voyez ça? Comment on peut prendre le peuple pour des briques de 15 comme ça? L’accord, ce qu’ils appellent accord parlementaire, c’est que le parti Br par exemple, et Upr, ils signent cet accord et quand ils vont aux élections, dans une circonscription électorale par exemple, le parti Br à 8% et le parti Upr à 12%, donc cet accord qu’ils ont signé avant les élections évidemment, leur permet de mettre 8% + 12%, ça fait 20%, donc les deux ensemble font 20%. Ça veut dire simplement qu’ils sont conscients de ce que étant de la mouvance présidentielle, ils ont des faiblesses par endroit et qu’ils ne peuvent pas à eux seuls à un moment donné avoir dans toutes les circonscriptions électorales les 20% requisées au niveau de la circonscription électorale. Vous allez voir qu’ils seront les premiers à signer cet accord.

MAROUFATOU FALOLA / DEUXIÈME ADJOINTE AU MAIRE D’IFANGNI / MEMBRE UP LE RENOUVEAU

Mon appréciation est très positive. Je considère que c’est une très bonne chose, car une fois que l’Assemblée a voté cette loi et qu’il y a eu contestation, il revient à la Cour constitutionnelle de trancher. Et les décisions de la Cour constitutionnelle sont sans appel. Les regards sont maintenant tournés vers les partis politiques, car ils sont mis en cause. C’est à eux désormais de jouer leur rôle, puisque la loi a déjà été promulguée par le président de la République. Ainsi, les partis politiques sont interpellés. Comme quelqu’un l’a titré une fois, “les partis au travail”, effectivement ils sont au travail. Chaque parti doit tout mettre en œuvre pour se démarquer dans son département, sa région, et auprès de sa base, afin de répondre aux critères fixés par le Code électoral. Nous parlons maintenant d’un seuil de 20 %, ce qui vise à éliminer les petits partis. Auparavant, nous avions une trentaine voire une quarantaine de partis se présentant aux élections présidentielles. Désormais, nous pourrions avoir au maximum trois, quatre, voire cinq partis politiques. Tout le monde se regroupe au sein des grands partis pour progresser ensemble. Je pense que c’est ainsi qu’un pays qui se veut sérieux peut fonctionner. En regardant à l’échelle mondiale, les grands pays, les grands continents tels que les États-Unis, l’Europe, ont au plus trois ou quatre partis politiques dominants. Aux États-Unis, il y a deux partis principaux voire trois au maximum. Donc, si nous aspirons à être à leur image, nous sommes en train de tracer notre chemin dans le système partisan. Personnellement, je considère que c’est une bonne chose. Bien sûr, dans toute assemblée, il y a la majorité et l’opposition. L’opposition avait voté contre cette mesure, mais elle doit maintenant s’y conformer. C’est à elle de prouver qu’elle peut atteindre le seuil de pourcentage fixé par le Code électoral.

Voilà ce que je peux dire pour ma part, et je souhaite que mon parti remporte les prochaines élections générales de 2026, car nous sommes en politique. Nous avons les élections municipales, législatives, et enfin la possibilité de parrainer notre candidat pour l’amener à la présidence.

SOUROU GBEDOWESOUN / CA CENTRAL ADJARRA / MEMBRE UP LE RENOUVEAU

Vous avez peut-être remarqué la décision de la Cour constitutionnelle concernant le nouveau code électoral voté à l’Assemblée nationale depuis jeudi dernier. La décision de la Cour constitutionnelle est contraignante pour tous, car elle est sans recours, ce qui renforce également les partis politiques. Aujourd’hui, il semble que le chef de l’État ait promulgué cette loi qui apporte du bonheur à notre pays. Désormais, avec ce nouveau code, notre pays ne pourra plus avoir autant de partis politiques qu’auparavant. Ce code favorisera l’émergence de grands partis politiques, des partis forts. Pour toute personne aspirant à exercer le pouvoir, il est désormais nécessaire de militer au sein d’un grand parti politique. Ainsi, je tiens à féliciter et à remercier les députés qui ont pris la bonne décision et ont proposé ce nouveau code électoral. Ce code renforce le système partisan dans notre pays, notamment grâce aux dispositions relatives aux seuils de 15% et de 20% qui y sont inscrites, incitant à un travail efficace sur le terrain et à la constitution de partis politiques nationaux présents dans tous les départements, toutes les communes et tous les arrondissements de notre pays. Il ne sera plus possible d’avoir des partis politiques régionaux comme cela a pu être le cas par le passé. Je remercie une fois de plus les députés, le chef de l’État et les membres de la Cour constitutionnelle pour cette décision importante.

SERGE NOUKPO AHOUANSOU / MEMBRE MOELE-BENIN

Effectivement, le Code électoral a été adopté par le Parlement et validé par la Cour constitutionnelle. Et des gens, non contents ou du moins pour une raison ou une autre, ont saisi la Cour constitutionnelle. Cette institution que nous appelons la haute juridiction et dont les décisions sont sans recours, je pense que, puisque c’est adopté par la majorité des députés, ce qui est fait ainsi il faut aller directement, ce sont les plus nombreux et c’est ça même la définition de la démocratie. C’est la loi des grands nombres sur les petits. C’est l’éthique qui a mené à être regardant par rapport aux petits nombres. Sinon, de façon crue, la démocratie reste, disons, la loi des grands nombres. Puisque c’est validé par la Cour constitutionnelle, le chef de l’État, comme il a fait les choses avec finesse, il a dû saisir la Cour constitutionnelle pour s’assurer que tout ce qui est fait est conforme à la Constitution. Les 7 sages de la Cour constitutionnelle ont estimé, ont dit, que toutes les dispositions contenues dans le Code électoral sont conformes à la Constitution. Et donc, la loi numéro 2024-13 du 15 mars 2024 est conforme, globalement, à la Constitution. Je pense que, après cette validation par la Cour constitutionnelle, effectivement, il ne restait qu’au chef de l’État de promulguer cette loi. Et c’est ce qu’il a fait le 18 mars dernier. En tant que démocrate, et notamment membre d’un parti de la mouvance présidentielle, vous constaterez avec moi qu’il n’y aura plus de commentaires. Comme qui dirait, nous dirons terminus, tout le monde descend. Et donc, la loi a été validée par la Cour constitutionnelle, promulguée par le chef de l’État. Dorénavant, donc, elle serait exécutée comme loi d’État. Et donc, les partis politiques qui souhaitent toujours exister doivent pouvoir travailler d’arrache-pied. Mais rassurez-vous, rien n’est gagné d’avance pour qui que ce soit. Chacun doit s’organiser au mieux. Chaque parti politique doit travailler. C’est vrai, je sais que vous pourriez amener à demander, oui, quel sera le sort de Moele-Bénin. Moele-Bénin a 2 ans pour travailler devant lui, pour ratisser large, pour convaincre les jeunes, et pour leur dire, nous ne devons en aucun cas laisser le développement, la projection de ce pays, à ceux qui ont fini, à ceux qui n’ont plus forcément leur avenir devant. Moele-Bénin va faire ce travail-là. Après les élections générales de 2026, nous allons aviser par rapport à ce qui va advenir. Et le travail sera fait, comme il se doit, un peu partout. Maintenant que nous avons choisi de mettre de la grande rigueur, je constate… Maintenant que nous avons choisi de mettre de la grande rigueur dans la politique, dans les élections, eh bien, moi je pense qu’il reste à prendre une loi pour sortir définitivement l’argent de la chose politique, l’argent des élections, je pense. Ça va grandir encore plus et totalement le Bénin. Si nous pouvons prendre une loi pour régler le problème d’achat de conscience, et pour faire place définitivement au débat d’idées, notre pays aura montré le chemin à suivre à toute l’Afrique. C’est ce qui nous manque, c’est ce qui nous reste aujourd’hui pour compléter la prise de cette loi-là, pour un certain nombre de raisons, ça nous reste à faire. Parce que les populations qui ont faim ne résisteront presque jamais devant l’argent. Et comme les députés sont là aujourd’hui, nous avons choisi, ça fait partie des demandes du Moele-Bénin, nous avons choisi de nettoyer notre écurie d’Augias parlant politique. Et donc, il serait bien qu’une loi soit prise pour gérer définitivement l’achat de conscience en politique. Ça va nous grandir.