Presse privée au Bénin : Attention ! L’aide de l’État n’est pas de l’argent liquide à distribuer

(Ce que des patrons et employés doivent en savoir)
Au Bénin, après près de dix ans de suspension, l’aide de l’État à la presse privée sera bientôt une réalité. C’est l’annonce faite par le président de la Haute Autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac), Edouard Loko, lors de l’ouverture de la première session ordinaire de l’année 2025 de l’institution. Devant ses autres collègues conseillers ainsi que les représentants des associations de la presse béninoise, il a signifié que le retour de cette aide constitue un “acquis”.
“Chers partenaires, patientez encore quelques semaines ou quelques mois. Ça va se faire. Il y a quand même huit à neuf ans d’arriérés. Il faut que nous nous entendions sur combien nous pourrons accepter, mais nous accepterons tout. Le principe est acquis”, a déclaré le président de la Haac en annonçant le retour de l’aide de l’État à la presse privée au Bénin. Edouard Loko d’ajouter : “Cette aide nous permet d’interagir, vous permet également de vous occuper de vos membres en matière de formation, et nous aussi de régler d’autres problèmes de la profession.”
À peine annoncée, cette nouvelle suscite déjà des réactions au sein de la profession notamment chez de jeunes patrons de presse et employés. Pour la plupart de ceux interrogés par Guérite TV Monde dans la ville de Parakou estiment que c’est un soulagement et une bouffée d’oxygène, non seulement pour les journalistes, mais pour toute la profession. À les écouter, cette suspension a été pénible pour les organes de presse et ceux qui les animent. En effet des professionnels des médias vivent dans une grande précarité, une situation ayant entraîné plusieurs décès dans leur rang, témoignent des journalistes interviewés, qui saluent le retour annoncé de cette aide.
Cependant, il est important de rappeler que cette aide ne consiste pas en une distribution des espèces sonnantes et trébuchantes aux patrons de presse qui pourraient l’empocher et faire rejaillir une partie sur les journalistes de la rédaction. Cette époque semble revolue.nstaurée en 1997 par un décret présidentiel sous le feu président Mathieu Kérékou, l’aide de l’État à la presse privée au Bénin, a été consacrée, en 2015, par la loi portant Code de l’information et de la communication. “L’appui consistait à aider les organes de presse à acquérir certains matériels indispensables.” , a rappelé Michel Ahonon, journaliste et promoteur du journal Le Palmarès. Parlant d’achat de matériels, il cite en exemple les caméras, micros, enregistreurs pour les médias audiovisuels, ainsi que du papier journal, d’imprimantes…, pour la presse écrite.
Parfois, cette aide couvrait même une partie des frais d’impression, qui pèsent lourdement sur les directeurs de publication.
“C’est un appui, pas une prise en charge des médias. Il s’agit d’une aide substantielle pour faire face aux charges de fonctionnement de la presse”, renseigne Michel Ahonon sur Guérite TV Monde. À travers ses propos, point de confusion : l’aide ne sera pas une enveloppe financière remise directement aux patrons de presse. Selon lui, cette aide inclut également des formations et des recyclages destinés aux journalistes. Michel Ahonon se souvient que c’est grâce à ce soutien de l’État que la presse béninoise dispose aujourd’hui d’une Maison des Médias et des organisations faîtières comme l’Union des professionnels des médias du Bénin (Upmb) ont pu voir le jour.
…par appel à candidature
Par ailleurs, tous les organes de presse ne bénéficieront pas automatiquement de cette aide. Elle sera attribuée aux médias les plus méritants, sélectionnés à l’issue d’un appel à candidature lancé par la Haac. Les critères à remplir seront certainement préciser, le moment venu, par le Régulateur. Au regard de ce qui précède, l’aide de l’État à la presse privée n’est plus, depuis un moment, du numéraire aux patrons de presse qui peuvent en disposer comme bon leur semble. À moins que la Haac et les faîtières de la presse en décident autrement.
Anselme ORICHA