Présidentielle au Bénin : 2026 ne changera visiblement rien chez les Soglo

Au Bénin, s’achemine-t-on, en 2026, vers un bis repetita de soutiens divergents au sein la famille Soglo au profit de candidats à la présidentielle ? Tout porte à le croire. En tout cas des signes avant-coureurs s’enregistrent chez l’ancien président de la République et sa progéniture par ces temps de tractations et de désignation des candidats par les formations politiques.
Depuis l’Hexagone où il subit des soins, Nicéphore Dieudonné Soglo, malgré le poids de l’âge, fait partie des premières personnalités politiques béninoises à adouber Romuald Wadagni, le candidat du pouvoir en place, désigné fin août dernier pour le compte de l’élection présidentielle de 2026. La vidéo de la déclaration du premier chef de l’État de l’ère du Renouveau démocratique au Bénin a fait le tour des réseaux sociaux et relayée par d’autres presses.
Pour des observateurs avertis de la vie politique, cette posture du nonagénaire pourrait être surprenante quand on sait que courant mi-juillet, son fils Ganiou, à travers un communiqué, avait déjà dénoncé ce qu’il a qualifié d’”instrumentalisation médiatique” de son géniteur à la suite d’une série d’apparitions publiques que ce dernier avait effectuées, où l’on le voit faire l’éloge des réalisations du président en exercice, Patrice Talon. Pour Ganiou Soglo, ces images traduisent moins un soutien spontané qu’un abus de faiblesse. « Je constate avec une profonde tristesse qu’il est régulièrement sollicité par les autorités actuelles dans des circonstances qui laissent peu de place à son libre arbitre. Par loyauté ou par fatigue, il ne peut plus toujours exprimer pleinement sa volonté”, a déploré l’ancien ministre qui relève une exploitation « indigne et honteuse” de son père au profit d’intérêts politiques. Il n’a pas manqué de mettre en garde contre tout acte malveillant, à des fins partisanes, touchant à l’image ou au nom de son père ou plus largement celui de la famille Soglo.
Ganiou Soglo a parlé ! Mais ses menaces n’ont pu empêcher son père, loin de Cotonou, d’associer une fois encore son image aux actions du pouvoir de la Rupture que ne gobe pas Ganiou. À peine désigné par le camp soutenant l’actuel président Patrice Talon, le choix du jeune ministre d’État Romuald Wadagni comme flambeau de la mouvance à la présidentielle de 2026 a été salué par Nicéphore Soglo. “Ce choix est judicieux pour assurer la poursuite du renouveau économique du Bénin”, a apprécié l’ancien président de la République.
Au-delà des considérations d’ordre économique, il voit en cette candidature une aubaine pour la décrispation sur le terrain politique. “La désignation de Romuald Wadagni est une chance pour assurer la réconciliation nationale. Il devra donc œuvrer à la libération de nos compatriotes en détention pour des motifs politiques. Il devra également œuvrer au retour des exilés”, a confié le président Soglo.
Ganiou aux antipodes du choix de Nicéphore Soglo
Depuis début septembre que Nicéphore Soglo a pris position au profit de Romuald Wadagni, non seulement son fils Ganiou n’en a que faire, il s’est, lui, inscrit dans une dynamique à l’opposé. Très critique vis-à-vis de la gouvernance Talon depuis 2016, l’ancien ministre a fait parler de lui ces derniers jours. En effet dans la foulée du processus de désignation du candidat de l’opposition (en cours) pour la présidentielle prochaine, Ganiou Soglo a été reçu en audience, la semaine écoulée, par l’ancien chef de l’État Yayi Boni, chef de file de l’opposition et président du parti Les Démocrates. Au sortir de cette rencontre, la déclaration de Ganiou laisse clairement lire son engagement sans appel à faire échec à l’idée d’une continuité du pouvoir que clame le camp présidentiel. Pour Ganiou Soglo, que les populations n’aient pas peur du combat que mènent le parti Les Démocrates et bien d’autres personnes dont lui, contre l’injustice fiscale et l’injustice sociale qui les touchent. L’ancien ministre des sports sous Yayi Boni croit dur comme fer que Dieu restera de leur côté afin qu’ils aient gain de cause.
Vers un bis repetita de 2016
Le souvenir de soutiens disparates au sein de la famille Soglo à des candidats à la présidentielle de 2016 reste vivace dans les esprits. Pendant que le fils aîné Léhady, ancien maire de Cotonou et président de la Renaissance du Bénin (RB) a engagé le parti RB derrière la candidature de l’ancien premier ministre Lionel Zinsou, dauphin désigné du président sortant Yayi Boni, l’ancien couple présidentiel (Rosine et Nicéphore Soglo) battait campagne pour le candidat Patrice Talon tandis que Ganiou Soglo, lui, s’était aligné derrière la candidature de l’autre richissime operateur économique, Sébastien Ajavon. Un scénario inédit et abracadabrant qui avait fortement nourri les débats. L’ancienne première dame Rosine Vieyra n’est plus. Son choix pour 2026 ne sera donc pas connu. Par contre, en France où il est en exil depuis 8 ans, Léhady qui a sans doute suivi de près la recente déclaration de son père, n’a pas encore fait savoir son propre choix. Est-il consentant quant à l’option Wadagni que son géniteur voit comme la solution pour un retour au pays des exilés ? Ça va certainement se savoir dans les prochaines semaines.
Tout compte fait, à quelques sept mois du scrutin présidentiel, la famille Soglo à travers Ganiou et Nicéphore Soglo donne déjà le ton que les violons ne vont pas s’accorder une nouvelle fois autour d’un même candidat. Visiblement, 2026 en passe d’être comme 2016. Rien ne changera dans cette façon de faire des Soglo. Chacun ira, de nouveau, de son côté. Advienne que pourra.
BCAR




