Depuis quelques mois, les vendeuses de poissons frais du marché Dantokpa de Cotonou, n’arrivent plus à faire de bénéfices. La montée des eaux est la principale cause de cette situation qui ne favorise pas la pêche. Reportage.
Mercredi 12 octobre 2022. Il est 16 heures au marché Dantokpa de Cotonou. Les poissons de plusieurs variétés, installés de part et d’autre, à la lumière du soleil couchant, n’attendent que les clients. Au bruit des klaxons des motos et des automobilistes circulant dans les ruelles du marché, s’ajoute celui des bonnes dames. « Grande sœur, maman, que voulez-vous ? Demandez, venez voir !!!» Peut-on entendre par endroits.
A cet appel, peu de clients s’arrêtent pour acheter ces poissons étalés sur les paniers plats ou dans des plastiques remplis d’eau. D’autres connaissant leur destination, n’y prêtent aucune attention.
Ce défilé n’est pas nouveau pour ces vendeuses. « Nous ne vendons rien. Les clients regardent, demandent le prix et continuent leur route. D’autres disent même que c’est cher », affirme maman Bella. Depuis 12 heures, elle n’a rien vendu. Une situation qu’elle vit depuis que le prix d’achat du poisson a connu une hausse. « Les pécheurs n’arrivent plus à attraper des poissons. C’est très pénible pour eux en ces moments où la lagune est pleine. Parfois, quand ils partent à la pêche, ils reviennent bredouille », raconte maman Bella, après avoir vendu, après insistance, un lot de quatre poissons à 2500F.
Après le départ de sa cliente, maman Bella fait aussitôt le point de sa marchandise. « C’est compliqué pour nous de faire maintenant des bénéfices. Plutôt que de s’endetter, on prie pour faire au moins le chiffre d’affaires. Je ne sais plus quoi faire. La vente du poisson est la seule chose que mes parents m’ont apprise », confie-t-elle.
On ne peut que vendre le poisson à un prix élevé…
Oluwatobi, jeune pêcheur, âgé d’une vingtaine d’années, rencontré sur la rive de la lagune de Dantokpa, est prêt à démarrer sa pirogue. Il termine, l’air contrarié, une négociation avec une vendeuse de poissons.
Il affirme avoir eu des jours heureux, il y a longtemps. « Attraper du poisson est très difficile aujourd’hui. Je n’ai pas pu avoir grand-chose depuis ce matin. J’ai vendu difficilement le peu que j’ai trouvé. C’est parce que nous n’en trouvons pas, que tout le monde se plaint. C’est la montée des eaux qui cause tout. On fait parfois des jours sur cette lagune sans ramener deux bassines de poissons. Et quand la pêche n’est pas bonne, on ne peut que vendre le poisson à un prix élevé aux vendeuses ».
Ne sachant plus à quel saint se vouer, pêcheurs et vendeuses n’espèrent qu’un retour à la normale.
Latifath KOWENOU