Lutte contre la corruption au Bénin : Jean-Baptiste Elias défend la protection des lanceurs d’alerte

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À l’instar des autres pays africains, le Bénin a célébré le jeudi 11 juillet 2024, la Journée Africaine de la Lutte contre la Corruption. Cet événement, qui retient l’attention tous les 11 juillet de chaque année, commémore l’adoption de la Convention de l’Union Africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption (CUAPLC).

Le Bénin, l’un des quarante-huit (48) États membres de l’Union Africaine ayant ratifié la Convention, continue d’adopter diverses mesures législatives pour criminaliser la corruption, tout en mettant en place des institutions dédiées à la prévention et à la lutte contre ce fléau. Cette 21ème édition a été l’occasion pour Jean-Baptiste Elias, président du Front des Organisations Nationales contre la Corruption (FONAC), de partager son point de vue sur les progrès réalisés et les défis persistants en matière de lutte contre la corruption en Afrique en général et au Bénin en particulier.

Regard critique de Jean-Baptiste Elias sur l’évolution de la lutte contre la corruption

Invité de l’émission “À l’ombre du grand baobab” sur Radio Tokpa, Jean-Baptiste Elias a souligné l’importance de cette journée dédiée à la lutte contre la corruption, déclarant que “les chefs d’État et de gouvernement de l’Union Africaine ont mesuré l’évolution de la lutte contre la corruption sur notre continent depuis 2003, date de la signature de la convention”. Cependant, il a exprimé une certaine frustration quant à l’efficacité de ces mesures, notant que “malgré la mise en vigueur de la convention et les efforts déployés, la corruption ne recule pas”.

Jean-Baptiste Elias a insisté sur le fait que les textes législatifs seuls ne suffisent pas pour endiguer la corruption. C’est pourquoi les dirigeants ont mis l’homme et les différentes structures, étatiques et non gouvernementales, au cœur de la lutte. Il a plaidé pour une implication plus active des hommes et des femmes dans ce combat, ainsi que pour une collaboration étroite entre les structures étatiques, la société civile et le secteur privé. “Les dénonciateurs constituent un élément clé pour réussir la lutte contre la corruption”, a-t-il affirmé, tout en soulignant la nécessité de les protéger contre les représailles. Le thème de cette année s’inscrit d’ailleurs dans ce sens : « Mécanisme de protection efficace des lanceurs d’alerte : Outil essentiel dans la lutte contre la corruption ».

Problèmes d’application des textes

Le président du FONAC, Jean-Baptiste Elias, a également mis en lumière le problème récurrent de l’application des textes en Afrique. En rappelant divers protocoles et conventions, il a déploré le manque de progrès concret dans la mise en œuvre de ces instruments. “Sur les 54 États, la lutte contre la corruption a encore du plomb dans l’aile”, a-t-il affirmé, pointant du doigt les lacunes en matière de gouvernance et de mise en application des lois.

La responsabilité des multinationales et des dirigeants africains

Le président du FONAC a également critiqué le rôle des multinationales dans la création de situations propices à la corruption, ainsi que la complicité de nombreux dirigeants africains dans ces pratiques. Pour Jean-Baptiste Elias, il est essentiel que les décideurs africains manifestent une volonté politique forte et mettent en œuvre les textes qu’ils ont signés pour obtenir des résultats tangibles.

La suppression de la loi sur la déclaration de patrimoine

Un autre sujet abordé par Jean-Baptiste Elias est la suppression de la loi sur la déclaration de patrimoine au Bénin. Il a rappelé que depuis avril 2020, certaines dispositions législatives relatives à la déclaration de patrimoine pour les élus ont été abrogées, ce qui constitue un obstacle supplémentaire dans la lutte contre la corruption. Le président du FONAC a également critiqué l’absence de décret fixant les agents publics assujettis à cette déclaration, soulignant que cette situation perdure malgré les recommandations du Fonds Monétaire International (FMI).

Pour finir, Jean-Baptiste Elias a appelé à une mobilisation générale et à une application rigoureuse des lois existantes pour combattre efficacement la corruption en Afrique. Il a également dénoncé le clientélisme et l’influence néfaste des proches des dirigeants qui contribuent à perpétuer ces pratiques.

Anselme ORICHA (Stg)