Interpellation du gouvernement suite à l’attaque terroriste meurtrière dans le nord-Bénin : Rachidi Gbadamassi déchire la copie des Démocrates
● Les arguments bétons qui prouvent à suffisance que le ministre conseiller à la Défense et à la sécurité maîtrise son domaine.
Le 8 janvier 2025, une attaque terroriste d’une rare ampleur a frappé le Bénin, causant la mort de trente cinq soldats des forces de défense et de sécurité. Cette tragédie a suscité une vive émotion dans le pays, et des réactions au sein de la classe politique. Du côté de l’opposition, notamment du parti Les Démocrates, les députés ont interpellé le gouvernement à travers une série de dix questions orales visant à éclairer l’opinion publique sur les circonstances de l’attaque, les défaillances constatées et les mesures envisagées. En attendant la présence probable, au Parlement, du ministre concerné pour répondre à ces préoccupations, c’est le ministre conseiller à la Défense et à la sécurité, ancien député et ancien président de la Commission des relations extérieures, de la coopération au développement, de la Défense et de la sécurité, qui a scruté techniquement le document et y relevé bien d’insuffisances.
Les questions posées par les Démocrates couvrent des sujets variés, allant de l’échec apparent du dispositif militaire sur la position stratégique attaquée (“Point Triple”), à l’efficacité des accords de coopération militaire avec la France. Au titre des préoccupations phares, figurent l’absence de renforts sur plusieurs heures de combat ; la nature et la sensibilité des équipements militaires emportés par les assaillants ; la stratégie globale de lutte contre le terrorisme et ses éventuelles failles. Ces préoccupations, bien qu’exprimant une volonté de transparence recherchée à l’entendement des députés de l’opposition, ont été plutôt perçues comme une tentative de récupération politique dans un contexte de deuil national. Du moins, selon le ministre conseiller à la Défense et à la sécurité, Rachidi Gbadamassi, qui n’est pas allé par quatre chemins pour répondre avec fermeté, et en critiquant ce qu’il considère comme un manque de responsabilité de la part des parlementaires du parti Les Démocrates.
Dans sa déclaration publique à la presse, l’ancien député et ancien président de la Commission des relations extérieures, de la coopération au développement, de la Défense et de la sécurité, a d’abord rendu hommage aux soldats tombés au champ d’honneur, qualifiés de “héros de la République”. Il a ensuite dénoncé une approche qu’il juge “politisée, immorale et insensible” des questions soulevées par l’opposition. Le ministre conseiller a ensuite rappelé que le terrorisme est une guerre asymétrique nécessitant de la résilience et des stratégies de longue durée. Selon lui, les questions sur le positionnement des équipements militaires ou les ripostes prévues sont dangereuses et contraires aux intérêts de sécurité nationale, car elles pourraient fournir des informations stratégiques à l’ennemi. Par ailleurs, Rachidi Gbadamassi a tenu à rassurer sur l’avenir des familles des soldats tombés. Il a évoqué la loi adoptée en 2022 portant prise en charge des victimes des missions commandées, qui garantit : le versement d’un capital décès aux ayants droit, le soutien financier, matériel et moral pour les enfants mineurs jusqu’à l’âge de 21 ans, y compris ceux issus de concubinages reconnus. Ces mesures visent à honorer la mémoire des soldats et à assurer une protection durable à leurs proches. Pout finir, le tout nouveau ministre conseiller à la Défense et à la sécurité a exhorté les acteurs politiques à éviter toute exploitation politicienne de cette tragédie. Il a, à cet effet, rappelé l’appel du président Patrice Talon, lancé le 31 décembre 2024, en faveur d’une trêve politique pour l’année 2025 ; c’est-à-dire mettre fin aux chamailleries politiques, dans l’objectif de concentrer les efforts sur les véritables priorités nationales.
Ci-dessous, les propos du ministre conseiller à la Défense et à la cohésion, Rachidi Gbadamassi…
Avant tout propos, vous me permettrez de m’incliner devant la mémoire de nos soldats tombés sur le champ d’honneur. Je voudrais reconnaître leur dévouement à la République, au prix de leur vie. Ils ont consenti le sacrifice suprême pour notre protection, notre sécurité et notre liberté. Ils sont nos héros, et nous allons œuvrer à honorer leur mémoire. J’adresse mes condoléances à leurs familles, aux forces de défense et de sécurité, ainsi qu’au peuple béninois tout entier.
Alors, vous me demandez si la dernière attaque terroriste, au regard des pertes en vies humaines que nous avons subies, n’est pas la manifestation d’un aveu d’impuissance face au mal terroriste.
Vous savez, il n’y a ni impuissance ni aveu d’impuissance. La guerre contre le terrorisme est une guerre asymétrique que l’on gagne sur la durée. Comme toute guerre, elle est faite de batailles intempestives qui ne se ressemblent pas. Même si le fond du problème reste le même, avant l’épisode de mercredi, il y en a eu d’autres que nos braves, vaillantes et très engagées forces armées ont réussi à stopper à l’étape de la conception. D’autres encore ont été stoppées à l’étape de préparation, et certaines ont été énergiquement repoussées par nos soldats en phase d’exécution. Dans l’exécution de l’attaque du 8 janvier 2025, les rapports de force n’ont pas été à notre avantage. Nous appelons toujours à la solidarité de nos partenaires. La République ne cédera pas. Incha Allah, nous viendrons à bout du mal terroriste. Nous faisons ce que nous avons à faire en tant qu’État souverain, et nos forces armées sont déterminées plus que jamais. Nous vaincrons le terrorisme, nous le vaincrons, incha Allah.
À la question de savoir si, suite à l’interpellation des députés démocrates, ce n’est pas une bonne occasion pour le gouvernement de donner toutes les informations au peuple sur cette attaque, le ministre conseiller répond :
Le gouvernement du président Patrice Talon est un gouvernement responsable, respecté et respectable, réputé pour son approche de vérité et de transparence sur n’importe quel sujet. Le gouvernement n’a nullement besoin d’être interpellé par quelque député d’opposition que ce soit, à quelque question orale que ce soit, avant de rendre publiques les informations qui peuvent l’être pour la compréhension de nos populations. N’oubliez pas que nous sommes en matière de sécurité et de défense.
J’ai effectivement lu la teneur des questions adressées au gouvernement sur cette attaque par des députés du parti Les Démocrates. Je constate avec une colère déchaînée que nos adversaires politiques mènent une entreprise de récupération politique et de vengeance sur les corps sans vie de nos soldats tombés au champ d’honneur pour que vive la République. Quelle immoralité ! Quelle irresponsabilité ! Quelle insensibilité ! Quelle animosité !
Sur les équipements et la stratégie militaire, le ministre conseiller poursuit :
Nos amis d’en face posent des questions irresponsables. Reprenons la question numéro 4 : “Où sont déployés les équipements militaires modernes de dernière génération dont le Bénin s’est doté ces dernières années ?” Cher journaliste, pensez-vous qu’une personne réellement préoccupée par la sécurité des populations et la défense de notre territoire pourrait demander de révéler publiquement les emplacements stratégiques de nos équipements militaires ? C’est dangereux, malsain et anti-républicain. Concernant la question numéro 8 : “La stratégie de défense mise en place par le gouvernement, notamment en matière de lutte contre le terrorisme, ne mérite-t-elle pas un réexamen au regard des failles constatées ?” Nous savons ce que nous faisons. Si le gouvernement juge nécessaire de réexaminer la stratégie, il le fera sans en discuter sur la place publique.
Quant à l’avenir des familles des soldats tombés au champ de bataille, je tiens à rassurer avec des arguments solides. Depuis 2022, avec l’avènement de la loi portant régime de prise en charge et de protection des victimes des missions commandées, le gouvernement a prévu une indemnisation des victimes par le versement d’un capital-décès aux ayants droit des soldats morts pour la patrie. En plus de cela, cette loi accorde aux enfants mineurs des défunts un soutien financier, matériel et moral de l’État pour leur protection et leurs études jusqu’à l’âge de 21 ans. Ce soutien s’étend aussi aux enfants nés hors mariage, reconnus comme tels. Le gouvernement honore cet engagement avec rigueur. À ceux qui utilisent ces tragédies pour distraire le peuple, je demande humblement de respecter la mémoire de nos forces de défense et de sécurité.
Anselme ORICHA