Élections générales au Bénin : Ce qui risque de se passer en 2026
En 2026, le Bénin se prépare à organiser pour la première fois des élections générales, conséquence de la révision de la loi n°2019-40 du 7 novembre 2019, modifiant la Constitution de 1990. Alors que cette échéance est attendue avec impatience, certaines inquiétudes persistent quant à l’organisation et aux conséquences des résultats, en raison des récentes modifications du code électoral. Adoptée par l’Assemblée nationale le 5 mars 2024, cette nouvelle loi a fait l’objet de vives controverses, malgré sa validation par la Cour constitutionnelle et sa promulgation par le président Patrice Talon.
Des appels à la relecture du code électoral
Plusieurs voix appellent à une révision urgente de ce code électoral. La Conférence épiscopale du Bénin, le Cadre de concertation des confessions religieuses, un collectif de juristes et l’association “Voix Citoyennes Unies” ont tous exprimé leurs préoccupations face à son caractère potentiellement exclusif, pouvant conduire à des violences électorales. Ces acteurs plaident pour une relecture de certaines dispositions afin de garantir un processus inclusif et équitable.
Le seuil des 20 % : un point de discorde majeur
L’une des mesures les plus controversées est l’exigence d’obtenir au moins 20 % des suffrages exprimés dans chacune des 24 circonscriptions électorales pour prétendre à un siège de député. Ce seuil, qui remplace celui de 10 %, est vu comme une barrière trop haute pour les partis politiques. De nombreux observateurs craignent qu’il favorise un parlement sans diversité, comme lors des législatives de 2019, où l’absence de pluralité politique avait engendré des tensions.
Le risque d’un vide juridique
Au-delà de l’aspect d’exclusion, l’exigence de 20 % pose également la question d’un éventuel vide juridique. En se basant sur les législatives de 2023, aucun parti politique n’avait atteint ce seuil au niveau national, et encore moins dans les 24 circonscriptions électorales. Même avec le seuil de 10 %, seuls trois partis avaient pu franchir cette barre. Si la révision du code électoral reste en l’état, il est probable qu’aucune formation politique ne remplisse cette condition, créant ainsi une absence de partage des sièges.
Bien que la loi permet aux partis de former des alliances pour cumuler leurs voix, il est possible que cela ne suffise toujours pas à atteindre les 20 %. Ce scénario pourrait créer un vide juridique et entraîner une période de transition avant l’organisation de nouvelles élections.
Vers une nouvelle révision de la constitution ?
Face à ces défis, il est important que les acteurs électoraux se concertent pour éviter une crise institutionnelle. Une révision du code électoral semble indispensable pour garantir des élections inclusives et apaisées en 2026. Un consensus national autour des règles électorales est nécessaire pour préserver la stabilité démocratique et renforcer la confiance des citoyens dans le processus électoral.
Anselme ORICHA