Depuis le vote de la loi sur la chefferie traditionnelle au Bénin : Ça ne cesse de défiler chez Vlavonou

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Le président de l’Assemblée nationale, Louis Gbèhounou Vlavonou, a multiplié les audiences ces derniers jours avec plusieurs délégations de chefs traditionnels mécontents de leur exclusion dans la nouvelle loi régissant la chefferie au Bénin. Ces rencontres font suite à l’adoption, le 13 mars 2025, de la loi n° 2025-09 définissant le cadre juridique des royautés traditionnelles.

Porto-Novo : La cité aux trois histoires réclame sa place

Une délégation yoruba, conduite par le roi Kabiessi Oba Alajasè Onikoyi Abessan VI, a été reçue ce jeudi. Mamoudou Eyissê, porte-parole du groupe, a expliqué que Porto-Novo, “la cité aux trois noms”, possède une histoire complexe marquée par des influences multiples. Selon lui, la désignation d’un seul représentant royal ne reflète pas cette diversité. “Nous sommes les premiers occupants de cette terre, et notre droit à l’existence doit être reconnu”, a-t-il insisté. Le président Vlavonou a assuré avoir pris note de leurs revendications.

Parakou : Un royaume historique en quête de légitimité

Les représentants du royaume de Parakou, menés par le roi Akpaki Gobi Yinse, ont également exprimé leur désaccord. Baboni Alassane Baparapé, leur porte-parole, a salué l’initiative du gouvernement de revaloriser les chefferies traditionnelles, tout en déplorant le classement erroné de Parakou. “Notre royaume a une légitimité historique incontestable. Le réduire à une simple chefferie est une erreur”, a-t-il déclaré. La délégation a demandé la reconnaissance de six chefs supérieurs associés au trône.

La vallée de l’Ouémé : Un patrimoine royal négligé

Frédéric Mahoutin Kpanou, porte-parole des communautés de la vallée de l’Ouémé, a déploré l’absence de représentation royale dans la région, à l’exception de Dangbo. “Notre richesse culturelle et nos traditions méritent d’être prises en compte pour éviter des tensions inutiles”, a-t-il souligné. Le président de l’Assemblée nationale a promis d’examiner leurs demandes afin d’apaiser les frustrations.

Les Haoussa de Lokossa veulent leur place dans la cartographie

Plus tôt dans la semaine, le roi Abdou Nouhou, chef de la communauté haoussa de Lokossa, avait également sollicité une audience. Il a rappelé l’importance historique de sa communauté au Bénin et regretté son omission dans la nouvelle loi. “Nous ne voulons pas être oubliés”, a-t-il affirmé, se disant rassuré par l’accueil bienveillant du président Vlavonou.

Les rois de Takon (Sakété) et d’Ita-Sumba (Ifangni), Oba Ilufèmiloyé et Bachirou Akinola et bien d’autres, ont été reçus, eux aussi en audience par le président de l’Assemblée nationale, Louis Vlavonou, au palais des Gouverneurs à Porto-Novo, un peu plutôt. Leur démarche visait à obtenir des ajustements à la loi sur la chefferie traditionnelle, adoptée le 13 mars dernier, afin de garantir une reconnaissance équitable de leurs royaumes. La délégation de Takon, représentée par Firmin Biokou, a insisté sur l’ancienneté et la légitimité de leur lignée royale, qui remonte au XVe siècle et est liée au royaume d’Oyo au Nigeria. Le président de l’Assemblée a écouté leurs doléances avec bienveillance et les a rassurés sur la possibilité d’apporter des corrections à la loi.

Vers une révision de la loi ?

Face à ces multiples requêtes, le législateur va-t-il être amené à réexaminer certains aspects du texte ? Les doléances exprimées mettent en lumière la complexité de l’histoire béninoise et la recherche d’un équilibre entre reconnaissance traditionnelle et cohésion nationale. Cependant, le gouvernement à propos de la loi votée, a clairement signifié que le travail qui a été fait en amont pour en arriver à l’adoption du texte est un travail scientifique qui n’a nullement remis en cause une chefferie.

Anselme ORICHA