De retour des vacances : L’Exécutif réagira-t-il sur le dossier Hounvi ?
Le lundi 2 septembre 2024 marque la rentrée officielle de l’Exécutif béninois après un mois de vacances. Ce retour a lieu dans un contexte particulièrement tendu, avec plusieurs dossiers sensibles en attente, parmi lesquels l’affaire Steve Amoussou, alias Frère Hounvi, qui suscite depuis quelque temps une vive polémique au sein de l’opinion.
En effet, le 12 août 2024, Steve Amoussou, un chroniqueur et web activiste très critique envers le régime du président Patrice Talon, a été enlevé à Lomé, au Togo, par des individus venus du Bénin. Remis à la police républicaine béninoise, il a ensuite été présenté au procureur spécial de la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (Criet) le mardi 20 août dernier. Les accusations portées contre lui incluent le harcèlement par voie électronique, la publication de fausses nouvelles et la provocation directe à la rébellion.
Cet enlèvement a provoqué une réaction immédiate de la part des autorités togolaises, qui ont condamné ce qu’elles considèrent comme une violation flagrante du droit international et des règles de coopération pénale internationale. Le procureur de Limé, Talaka Mawama, a même émis un mandat d’arrêt contre les quatre présumés ravisseurs de Frère Hounvi, dont trois ont été identifiés et seraient de nationalité béninoise suite à une enquête judiciaire ouverte à cet effet.
Malgré la gravité des accusations et la condamnation ferme des autorités togolaises, le silence du gouvernement béninois, justifié par les vacances de l’Exécutif, a laissé un vide inquiétant. Avec la rentrée du gouvernement, l’attente est grande chez les Béninois, ainsi que sur la scène internationale, pour voir comment le régime de Patrice Talon va gérer cette crise. Le premier Conseil des ministres, prévu pour ce mercredi, sera sans doute très scruté. Le porte-parole du gouvernement, Wilfried Léandre Houngbedji, est attendu au tournant, tout comme le procureur spécial de la Criet, pour clarifier la position du Bénin sur cette affaire.
Le respect des principes de droit international et de souveraineté étant une évidence, une prise de parole du président Patrice Talon lui-même pourrait s’avérer nécessaire pour apaiser les tensions et restaurer la crédibilité du Bénin sur la scène internationale. Les regards sont donc tournés vers le prochain Conseil des ministres du gouvernement de Patrice Talon, en quête de légitimité et de crédibilité, face à une situation qui pourrait non seulement ternir l’image du pays, mais aussi compromettre les relations avec son voisin togolais.
Anselme ORICHA