Comité de pilotage chargé de l’audit du fichier électoral : “Ce sont les experts internationaux qui vont faire le travail”

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Au Bénin, l’audit du fichier électoral, tel que voulu par une partie de l’opposition, suit son cours normal. En conseil des ministres le mercredi 19 février 2025, le gouvernement a autorisé la mise à disposition d’un budget de 159 436 200 FCfa au comité de pilotage de l’audit de l’opération, dirigé par Jean-Baptiste Elias, président du Front des organisations nationales contre la corruption (Fonac). Des détails sur le processus d’audit du fichier électoral et la gestion du fonds.

En effet, depuis l’annonce de l’octroi de près de 160 millions pour faciliter le processus daudit du fichier électoral dans la perspective des élections de 2026 au Bénin, des préoccupations subsistent quant à la gestion efficace de budget. Reçu sur Canal 3 Bénin, le président du comité de pilotage de l’audit du fichier électoral a tenu à rassurer sur la bonne gestion des ressources, donnant des détails sur les dépenses prévues à cet effet.

D’abord, sur le processus devant conduire à l’audit du fichier électoral, Jean-Baptiste Elias a souligné que le comité de pilotage est composé de six membres, dont quatre de la société civile, un (1) représentant des partis de l’opposition et un (1) représentant des partis de la mouvance. À ce jour, un membre dudit comité n’est toujours pas désigné. Il s’agit notamment du représentant des partis politiques de la mouvance. À ce sujet, le président du Fonac a précisé que des démarches ont été menées auprès des partis concernés. Une correspondance a été envoyée le 31 janvier 2025 à tous les partis politiques de la mouvance pour le leur notifier, a fait savoir Jean-Baptiste Elias. Mais pour l’heure, la désignation du sixième membre du comité n’est pas encore effective. Selon ses explications, seul le parti Mouvement des élites engagées pour l’émancipation du Bénin (Moele-Bénin), dirigé par Jacques Ayadji, a reçu le comité pour l’écouter sur l’opération en cours. Les autres n’ont pas encore donné suite, en dehors de l’Union Progressiste le Renouveau qui a donné rendez-vous au comité, le 10 mars.

Par ailleurs, si après le périple auprès des partis politiques, la mouvance ne désigne toujours pas son représentant au sein du comité, le travail se poursuivra, a rassuré le président Jean-Baptiste Elias. Il dit d’ailleurs ne pas être surpris de l’attitude des partis de la mouvance, car, selon lui, ce n’est pas propre au Bénin.

Sur la question de l’audit proprement dit, Jean-Baptiste Elias dévoile que “ce sont les experts internationaux qui vont faire le travail” d’audit du fichier électoral et que “ce n’est pas le comité de pilotage”.

Tout sur le travail à faire et comment sera géré le fonds

Plus loin, le président du comité de pilotage de l’audit du fichier électoral précise : “Nous avons déjà pris nos dispositions pour lancer un appel à candidature afin que les experts (…) viennent faire le travail en toute indépendance”, rassure-t-il. “Ces experts vont mettre en jeu leur crédibilité”, prévient Jean Baptiste Elias, soulevant ainsi la question de la crédibilité du travail et de la responsabilité des sachants.

Concernant le budget alloué au comité de pilotage, Jean-Baptiste Elias a donné des détails sur son utilisation. Selon lui, ce fonds servira, entre autres, à la location d’un appartement comme siège, qui sera mis à la disposition du comité, mais également à la disposition des experts afin de mener à bien la mission qui leur est confiée. Le fonds servira également au recrutement d’un comptable spécialisé dans la gestion des fonds publics, d’un agent de contrôle financier spécialisé et d’un agent chargé des marchés publics.

Le montant de près de 160 millions prend aussi en compte les frais de carburant, d’électricité, d’eau, ainsi que l’acquisition de matériel de travail, tels qu’une photocopieuse et un ordinateur, le tout évalué à plus de trois millions de francs Cfa. Toujours concernant le budget, un forfait journalier de 45 000 francs par jour est prévu pour chacun des cinq membres du comité de pilotage. Le comité étant composé de six membres, le président Jean-Baptiste Elias a décidé de travailler bénévolement. “J’ai écrit au ministre de la Justice et de la Législation pour lui dire que, pour mon pays, je décide de ne prendre aucun franc pour le travail que je vais faire pendant toute la durée”, a-t-il déclaré. Cette décision relève, selon lui, d’un sens de patriotisme et de reconnaissance envers son pays. Jean-Baptiste Elias rappelle par ailleurs que ce n’est pas la première fois qu’il renonce à des rémunérations puisque pour le même exercice pratiquement en 2022, il avait fait la même option.

Poursuivant, il fait savoir qu’une rémunération de 83 348 000 francs Cfa est prévue pour les quatre experts qui conduiront l’audit, ce qui représente environ la moitié des fonds mis à la disposition du comité. Un montant de 300 000 francs est prévu pour la communication des membres du comité et un autre de 300 000 francs pour les médias, même s’il considère que c’est peu. Enfin, un montant de 14 millions est réservé aux imprévus, mentionne le président du Fonac.

Le comité de pilotage aura pour mission de préparer tout ce qui sera nécessaire jusqu’à l’arrivée des experts chargés de la tâche. Ensuite, il servira d’interface entre les experts et toutes les parties prenantes qui seront sollicitées. De plus, le comité de pilotage devra faciliter les rencontres des experts avec les services compétents en charge des bases de données ainsi que, si possible, avec l’exécutif béninois.

Parlant toujours du processus de l’audit du fichier électoral, Jean-Baptiste Elias a annoncé qu’un atelier de validation aura lieu avec la participation de toutes les parties prenantes, aussi bien de l’opposition, de la société civile que de la mouvance, après le travail réalisé par les experts. À la suite des recommandations issues de cet atelier de validation, le comité de pilotage se chargera du suivi du travail et de l’application stricte des mesures en vue de s’assurer de la fiabilité et de la crédibilité du fichier électoral pour des élections transparentes. “Le travail va se faire dans les règles de l’art. Il s’agit d’un travail technique”, a indiqué Jean-Baptiste Elias.

Anselme ORICHA