De mon observatoire : Après Alladatin, plus besoin de Talon

0
1030

Un peu comme les députés de la 8ème législature qui, en colonne couvrez, se rendaient chez un tiers ( la Commission électorale nationale autonome) pour solliciter vainement qu’il les aide à faire le partage des fruits de leur propre labeur nocturne et diurne, des citoyens béninois sont allés taper poteau, ces dernières semaines à la Cour constitutionnelle, voulant éprouver les sept sages quant à leur avis sur une question très sensible touchant à la Constitution et la stabilité du pays.

En gros,, les requérants ont saisi le juge constitutionnel sur une demande de reconnaissance de la rupture constitutionnelle de 2019, de la naissance d’une nouvelle république ainsi que de l’éligibilité du président Patrice Talon, à un second mandat en 2026 (un troisième mandat déguisé). De la décision de la Cour Dorothé Sossa, qui n’a même pas perdu son temps à s’occuper du fond, les requêtes sont jugés irrecevables. Visiblement, les requérants ignoraient
que le cadre juridique ne permet pas à un simple citoyen de saisir la Haute juridiction d’une telle requête.

Mais dans le fond, en réalité, ils s’y sont rendus, osons le dire, pour défoncer une porte ouverte. L’ont-ils fait à tort ou à raison ? Il se peut qu’ils l’aient fait de bonne foi parce qu’animés du désir d’être définitivement situés, juridiquement, sur une question cruciale pour le spectre de la présidentielle de 2026. La rage de certains jusqu’auboutistes parmi eux, qui, après la décision de la Cour, se sont tournés vers le chef de l’État, seul habilité, pour lui demander de saisir lui-même la Cour sur cette question importante pourrait expliquer leur soif.

Même si dans la forme les requérants se sont fourvoyés à l’arrivée, cela a permis tout de même à une partie de l’opinion d’en prendre de la graine, d’actualiser ses connaissances sur les dispositions constitutionnelles notamment sur qui peut faire une telle saisine, du moins sur ce cas spécifique relatif à une probable nouvelle République, qui induirait un nouveau mandat présidentiel.

Et lorsqu’on en vient à nouveau sur le fond, et c’est là où ces acteurs, qui sont allés comme pour ébranler les sept sages et troubler l’ordre public, peineraient à convaincre. En effet, ce débat déterré de façon abracadabrantesque n’a pas sa raison d’être. Et pour cause. Patrice Talon pour qui l’on semble préoccupé et l’on peut prétexter se battre pour une rétrocession (de son prétendu droit acquis) a déjà réglé lui-même le problème.

À moins de vouloir faire son bonheur contre son gré. Sinon, plus d’une fois, et publiquement, il a juré qu’il respectera les deux mandats constitutionnellement fixés. À sa suite, le secrétaire général adjoint du gouvernement, porte-parole du gouvernement, Wilfried Léandre Houngbédji l’a martelé n-fois, qu’en 2026 le Bénin continuera d’être ce modèle de démocratie à travers une autre alternance au sommet de l’État.Ainsi, le président Talon, qui est même pressé de le faire, passera le témoin à son successeur.

Pourtant, en dépit de tous ces gages et du béton armé de sécurité coulé, encore en 2019, autour du verrou de limitation des mandats, le sujet sur la possibilité pour le chantre de la Rupture de faire un autre quinquennat a refait surface et cristallisé les attentions. Dans la foulée, des soupçons d’une main invisible manipulatrice ont germé dans les discussions. Dès lors, d’une voix intérieure, je priais sans cesse pour une dernière sortie médiatique de Patrice Talon, qui viendrait remettre définitivement les pendules à l’heure.

Si Alladatin a pu dire ça…

Patatras ! Orden Alladatin, une voix du couvent c’est-à-dire de la galaxie Talon sort du bois et se prononce sur la polémique qui enfle. “Avec le bout de phrase : Nul, de sa vie, ne peut faire plus de deux mandats ; même dans le contexte d’une nouvelle République, nul ne pourra faire plus de deux mandats”, affirme sur Rfi le parlementaire, soutien du pouvoir et très proche du président de République. “Et le débat est vidé”, insiste-t-il.

Pour lui, “c’est un débat non-sens” parce que si Patrice Talon nourrissait l’envie de s’éterniser au pouvoir, il avait la possibilité de tripatouiller la Constitution révisée il y a six ans avec une Assemblée nationale monocolore, entièrement acquise à sa cause. À contrario, il a plutôt œuvré à corser la disposition sur les mandats présidentiels. Si Alladatin (Orden) a pu dire ça, à la suite de tout ce qui a été déjà donné comme assurances, c’est qu’après lui, plus besoin que Patrice Talon monte au créneau dans ce dossier que je suis tenté de qualifier, ici et maintenant de caduc.

Jacques BOCO