Construit depuis neuf ans à Parakou : Le marché Okédama toujours pas fréquenté

0
52

Inauguré en 2015 dans le premier arrondissement de Parakou, le marché Okédama reste désespérément vide. Conçu comme un lieu de dynamisation économique pour la communauté, ce marché n’a pourtant jamais connu d’activité commerciale soutenue. Malgré l’attente de la population et l’impact potentiel qu’il pourrait avoir sur l’économie locale, il demeure aujourd’hui en friche, envahi par les herbes et même par des animaux sauvages. L’absence de réponse des autorités locales quant à ce désintérêt interroge : comment expliquer cette inoccupation prolongée ?

Des raisons diverses et souvent contradictoires émergent selon les acteurs impliqués, chacun livrant sa version des faits. La rédaction a mené l’enquête pour faire la lumière sur ce blocage persistant.

Un marché déserté, un quartier exaspéré

Pour les femmes du quartier, l’ouverture du marché Okédama aurait pu faciliter l’accès aux denrées de première nécessité, réduisant leurs déplacements jusqu’au marché Arzèkè. “Nous avons payé pour prendre des places, à 50 000 FCFA aux abords et 2 000 FCFA à l’intérieur, pensant que le marché allait s’animer. Mais nous n’avons toujours rien vu”, déplore Sébastienne Fanou, une habitante d’Okédama. Malgré ses initiatives pour encourager ses consœurs à relancer les activités commerciales, aucun résultat. “J’ai parcouru les maisons, sifflet en main, pendant trois mois pour rassembler les femmes, mais cela n’a rien donné”, se désespère-t-elle.

*Les autorités et les rumeurs de mauvais présage*

Les autorités locales, pour leur part, estiment que l’animation du marché est avant tout la responsabilité de la population. Abdoulaye Issa, chef de quartier, évoque une réticence liée à des croyances populaires. “On raconte que la première personne à s’installer sur le marché pourrait mourir. Mais ces histoires sont fausses !”, insiste-t-il. Il rappelle que plusieurs figures publiques, dont le maire Charles Toko, ont assisté au lancement du marché pour encourager son usage. Cependant, les tentatives de revitalisation sont restées sans suite.

*L’impact des rumeurs et des conflits fonciers sur le développement du marché*

Joseph Balogoun, un sage du quartier et membre du comité de pilotage, pointe du doigt l’installation illégale de bornes de propriété sur le terrain du marché, une action qui, selon lui, aurait semé la discorde. “Les rumeurs de danger ont commencé dès que nous avons retiré ces bornes installées sans autorisation. Les responsables de cette installation auraient cherché à entraver l’animation du marché”, affirme-t-il, suggérant un possible sabotage.

Le tradipraticien Pacôme Assouhoumè, quant à lui, considère que ces rumeurs de malédiction peuvent avoir un fondement si le terrain a fait l’objet d’un litige non résolu. “Un propriétaire terrien lésé pourrait employer des moyens traditionnels pour empêcher l’occupation de son bien”, explique-t-il. Il recommande donc une concertation préalable avec les populations locales et les propriétaires pour éviter de telles tensions.

L’urgence d’une concertation pour une revitalisation du marché

En dépit de cette situation bloquée, les femmes du quartier se disent prêtes à redonner vie au marché, mais appellent les autorités à leur fournir un soutien logistique. “Nous demandons à la mairie de construire des hangars pour abriter nos activités. Si cela avait été fait dès le départ, nous ne serions pas dans cette impasse”, confie Sébastienne Fanou.

Ce blocage persistant souligne l’importance d’une concertation plus étroite entre les autorités municipales, les leaders communautaires et les habitants pour relancer ce lieu d’échange et lui redonner la vocation économique initiale qui lui avait été assignée. Cette action collective est essentielle pour donner un souffle nouveau au quartier Okédama et à l’économie locale.

Malgré les démarches pour recueillir le point de vue des autorités municipales, ces dernières n’ont pas souhaité répondre à nos sollicitations.

Anselme ORICHA