Dédouanement frauduleux des véhicules d’occasion : Comment des transitaires volent l’État

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Le secteur du dédouanement des véhicules d’occasion au Bénin est en proie à des pratiques frauduleuses qui pénalisent l’État. Certains transitaires peu scrupuleux, en complicité avec des agents des douanes, détournent les recettes publiques par des méthodes aussi astucieuses que malhonnêtes. Ces pratiques plongent non seulement les clients dans des situations délicates, mais aussi privent l’État de revenus substantiels.

Le stratagème des fausses déclarations douanières

Le premier mode opératoire consiste à manipuler les montants dus à la douane. Un transitaire, après avoir encaissé le tarif normal pour le dédouanement d’un véhicule acheté sur un parc de vente de voitures d’occasion, refuse de verser à l’État le montant correspondant. Il procède à une fausse déclaration, généralement avec la complicité de certains agents en charge de la perception des taxes. Résultat : une réduction fantaisiste des droits de douane et un manque à gagner pour le Trésor public. Ces arrangements illicites enrichissent les transitaires au détriment des recettes de l’État.

La fraude sur les véhicules en transit

Un autre procédé tout aussi scandaleux consiste à faire sortir un véhicule “en transit”. En principe, cela signifie que le véhicule est censé être exporté vers un pays voisin. Or, en réalité, les transitaires indélicats gardent le véhicule au Bénin et, toujours avec l’aide d’agents complices, parviennent à obtenir de fausses plaques d’immatriculation et des cartes grises. Ces véhicules circulent alors librement sur le territoire, échappant à toute forme de taxation régulière.

Des conséquences lourdes pour les propriétaires

Ces manœuvres frauduleuses ont de graves répercussions pour les acheteurs de bonne foi. Lors des contrôles routiers, il n’est pas rare que les agents de la douane découvrent la supercherie. Dans ce cas, le client, qui ignorait tout de la fraude, est contraint de régler la différence entre les droits réellement dus et ceux faussement déclarés par le transitaire, sous peine de voir son véhicule confisqué. Le cas récent d’une propriétaire de Lexus RX 330 grise, arrêtée il y a deux ans, illustre bien cette situation. Elle a dû verser une somme de près de 300.000 francs CFA avant de pouvoir circuler à nouveau, tout en sachant que son transitaire s’en est sorti indemne.

Un réseau bien rodé

Le stratagème ne s’arrête pas là. Pour les véhicules prétendument sortis du territoire mais qui reviennent secrètement au Bénin, c’est un autre réseau bien organisé qui opère. Ce système de fraude généralisée continue de proliférer, mettant en lumière l’impuissance ou la complaisance de certains agents publics.

Des mesures urgentes à prendre

Face à cette situation, l’État béninois se doit de réagir fermement pour protéger ses recettes fiscales et les citoyens honnêtes. Le renforcement des contrôles internes et la mise en place d’un système de vérification rigoureuse pour tous les véhicules en transit ou en dédouanement sont des mesures indispensables pour mettre fin à cette pagaille. La lutte contre la corruption au sein des douanes doit également être intensifiée afin que les coupables, tant du côté des transitaires que des agents complices, soient poursuivis et punis avec la plus grande sévérité.

Le silence des autorités face à ces pratiques, qui gangrènent le secteur, ne fait qu’encourager l’impunité. Il est temps de rétablir la justice et de protéger les intérêts de l’État ainsi que des contribuables.

Chamss-Deen BADAROU