Jeux de hasard au Bénin : Un secteur qui occupe les jeunes sans espoir

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Dans nos sociétés africaines, les jeunes s’adonnent de plus en plus aux divers jeux de hasard, accessibles à presque tous les coins de rue. Conscients ou non, ces jeux deviennent leur passe-temps favori, avec leurs avantages mais aussi leurs inconvénients. Samuel HOUNSA est un parieur des jeux de hasard depuis quelques années. Au quotidien, il est assis, stylo en main, concentré sur un document pour choisir les numéros du jour dans un kiosque de jeux. À la quarantaine, il tente chaque jour sa chance pour gagner de l’argent en fonction de sa mise. “Ce sont les amis qui m’ont poussé aux jeux et le premier jour, c’est à travers un rêve que j’ai su que j’avais gagné, et effectivement c’était le cas”, confie-t-il, le sourire aux lèvres.

Comme lui, ils sont des milliers, jeunes de divers secteurs d’activité ainsi que des personnes du troisième âge à la retraite, pour qui le jeu de hasard est le passe-temps favori. Il n’est pas rare de croiser des élèves en tenue d’école. Pour Daniel HOUNTON, un autre parieur, c’est à force de voir ses amis tirer leur épingle du jeu qu’il a aussi tenté sa chance. “Avec 50f, j’ai remporté 12 500f”, s’exclame-t-il. Honoré AKLEGBE, lui, avait l’habitude d’observer les jeunes jouer. Le jour où il a tenté sa chance, “c’est avec 50f que j’ai obtenu 12 500f”, se réjouit-il. Discussions et analyses autour des numéros à choisir, consultation de tableaux, cris de joie et parfois de regret, c’est l’ambiance quotidienne devant ces points de pari, qu’il s’agisse de paris sportifs, de loteries ou de machines à sous.

La prévalence chez les hommes est plus forte que chez les femmes. Certains parieurs, du matin jusqu’au soir, se soucient très peu du petit déjeuner ou du déjeuner. Ils peuvent rester à jeun et miser tout ce qu’ils ont en poche. Ainsi, ce sont des millions de francs CFA que les entreprises de jeux de hasard amassent chaque jour sur l’ensemble du territoire national. Osseni MOUDJA est un opérateur économique. Il est quotidiennement acculé par les clients aux heures de jeux. Il explique qu’avant, il avait un gain journalier de 3 millions. Selon lui, les réformes dans le secteur ont fait baisser les revenus de cette activité.

Malgré les difficultés que rencontre le secteur, il est aujourd’hui difficile, surtout en milieu urbain, de rencontrer un jeune de 18 ans qui n’a jamais tenté sa chance. Beaucoup de jeunes se retrouvent ainsi dans un cercle vicieux qui ruine ceux qui ne sont pas chanceux dans les gains pour compenser leurs pertes. Les témoignages sont légion. Si dans les saintes écritures, il est écrit que le hasard n’existe pas, il y en a néanmoins qui y croient. C’est l’exemple de Noël OGOUDINAN qui affirme ne jamais faire le hasard. “Ces jeux conduisent à l’arnaque”, affirme-t-il. Entre croire aux jeux de hasard et ne pas y croire, les conséquences de ceux-ci sur la société sont bien réelles. Elles ne sont pas éloignées de celles que provoque l’opium ou l’alcool sur la santé humaine, même si l’État veille au quotidien. Pour le sociologue Fidèle GANDONOU, c’est seulement le pauvre qui joue aux jeux de hasard, car le riche connaît, selon lui, la voie de la richesse.

Jouer aux jeux de hasard pour rendre dynamique l’économie d’un pays, c’est bien. Mais en dépendre au point d’en souffrir est à éviter. Une éducation et un contrôle rigoureux du secteur doivent être de mise.

Faosiya SEFOU