Libération des ”détenus et exilés politiques” : Nécessité d’explorer la piste de la 1ère Dame du Bénin

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Alors qu’en 2012, en tant qu’opérateur économique, il était près à affronter le pouvoir de l’ancien chef de l’État Yayi Boni avec lequel il n’était plus en odeur de sainteté et devrait être arrêté, selon ses dires, c’est son épouse Claudine Gbénagnon Talon qui l’en a dissuadé. Et il prit le chemin de l’exil. Dans un entretien fin décembre 2023 avec les journalistes du service public, Ortb, l’actuel président de la République a confessé qu’il y a de ces personnes qui lui parlent et il est obligé d’exécuter. Allusion faite à son épouse dans l’anecdote liée à son départ précipité du Bénin pour l’Hexagone, il y a plus d’une décennie. “(…) Vous n’avez pas idée de tout ce qui se passe au sommet de l’État. Il y a eu une conférence de presse d’un certain maître Agbo le 18 septembre 2012. Et il aurait dit que le président Yayi Boni passerait sur le cadavre des Béninois pour obtenir un troisième mandat. Le pays allait très mal. Je n’avais pas suivi la conférence puisque j’étais à un dîner. Très vite, le président a dit ou imaginé que c’est moi qui avais commandité cette conférence de presse. Le lendemain, il était à Abuja quand il a instruit les services de défense et de sécurité d’aller me chercher. Et c’est quelqu’un de ceux envoyés qui m’a appelé et m’a dit de quitter le pays. Il m’a dit : “Nous connaissons votre nature, mais cette fois-ci, c’est sérieux. Nous avons été instruits par le président pour aller vous chercher par tous les moyens. Alors il faut quitter le pays, ne soyez pas suicidaire.”, relate Patrice Talon, qui poursuit : Alors, j’ai informé mon épouse. Je lui ai dit : ”Moi, je ne suis pas un fuyard, je vais voir ce qui va se passer.” Et mon épouse m’a dit : “Patrice, debout hors du pays, tu feras le combat. Mais sous terre, non. Alors, tu ne feras pas le con.” Moi, parfois, quand certaines personnes me donnent des recommandations, je suis docile. C’est comme ça que je suis parti du pays”. Si l’on s’en tient à ce propos de l’actuel locataire de la Marina, il est une évidence que s’il est dans le fauteuil aujourd’hui, son épouse Claudine en est pour beaucoup. Et Patrice Talon la consulte, l’écoute et suit ses ”recommandations”. Quand on sait qu’à moins de deux ans de la fin du second quinquennat plusieurs sujets qui fâchent dans l’opinion notamment dans le rang de l’opposition, sont restés sans suite en dépit des démarches menées tant à l’interne qu’au-delà des frontières, n’y a-t-il pas nécessité d’explorer la piste de la première Dame ? Pour être on ne peut plus précis, les parents, amis, alliés et sympathisants de Reckya Madougou, de Joël Aivo, des étudiants encore en prison pour faits liés aux élections, des personnalités en exil depuis 2016, ne pourraient-ils pas arpenter la piste Claudine Talon, si ce n’est pas encore fait, pour obtenir cette flexibilité tant recherchée chez Patrice Talon, son époux ?

Dans l’opinion, il se chuchote qu’il faut à nouveau observer le chef de l’État jusqu’au 31 juillet 2024, veille de la commemoration de la fête de l’indépendance du Bénin pour voir s’il ferait une déclaration forte dans le sens de la libération de ces personnes. Mais parallèlement, l’option Claudine Talon ne gâterait pas la sauce. C’est ce que je crois.

Chamss-Deen BADAROU