Opinion : Les Démocrates : défenseurs de la démocratie ou architectes de la division ?

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Dans une démocratie vitale, la pluralité des opinions et le respect des voix discordantes sont des piliers fondamentaux. Cependant, des questions préoccupantes émergent quant à la conduite du parti Les Démocrates, qui se positionne en gardien de la démocratie béninoise. Les récents événements mettant en lumière le traitement infligé au politologue Richard Boni Ouorou, par les activistes du parti, soulèvent des doutes quant à la cohérence et à l’intégrité de leurs pratiques démocratiques.

Richard Boni Ouorou, une figure qui a publiquement soutenu les membres emprisonnés du parti et qui a investi dans la promotion de leurs idéaux, se retrouve maintenant ostracisé suite à une maladresse verbale. Ce pivot vers la réprimande, plutôt que vers le dialogue ou l’éclaircissement, marque une propension du parti Les Démocrates à privilégier la pureté idéologique au détriment de la solidarité et de la reconnaissance du dévouement passé.

La démarche du parti à l’égard de Ouorou peut être perçue comme un symptôme d’une tendance à l’exclusion, qui se manifeste par une hostilité envers ceux qui ne se rallient pas explicitement à leur cause. Cette pratique antithétique à la diversité d’opinions est d’autant plus paradoxale lorsqu’on observe la réceptivité du parti à répondre à l’appel du président Patrice Talon, qu’ils qualifient pourtant d’adversaire et la façon dont ils traitent ou critiquent toutes personnes qui acceptent comme eux l’invitation de Patrice Talon.
Quelle hypocrisie!
La question se pose alors : est-il cohérent de stigmatiser autrui pour un manque de loyauté tout en s’engageant soi-même dans des actions qui pourraient être perçues comme contradictoires avec leurs principes proclamés?

Les actions du parti Les Démocrates pourraient malheureusement projeter une image de double standard, voire de cabale contre des alliés potentiels, sapant ainsi leur crédibilité en tant que défenseurs de la démocratie. L’ingratitude présumée et la courte vue manifestée par ces actions soulèvent des inquiétudes sérieuses quant à leur aptitude à construire un avenir inclusif pour le Bénin.

De plus, si un parti politique se livre à des pratiques qui semblent encourager la division plutôt que l’unité, en stigmatisant ceux qui s’écartent de la ligne du parti, il se doit d’examiner de près ses méthodes. La démocratie est mieux servie par l’engagement envers des principes cohérents et respectueux de toutes les voix, plutôt que par des réactions épidermiques et des jugements hâtifs.

Enfin, il est crucial de se demander si une telle attitude ne risque pas de mener à des actes de plus grande exclusion, tel que le marquage des maisons des non démocrates pour les jeter à la vindicte publique , ce qui rappellerait les heures sombres de l’histoire où l’ostracisme et la persécution étaient monnaie courante. Une telle escalade, si elle devait se produire, serait en totale contradiction avec les principes démocratiques et les droits de l’homme que le parti Les Démocrates prétend défendre.

Il est impératif que le parti réexamine ses stratégies et sa conduite pour s’assurer qu’ils ne deviennent pas ce contre quoi ils luttent : une force qui réprime la dissidence et qui marginalise ceux qui ne se conforment pas à leur vision. La démocratie réelle s’enracine dans la diversité, le pluralisme et le dialogue constructif, non dans la conformité forcée et l’uniformité d’opinion.

Alors, à l’heure où le Bénin et ses citoyens aspirent à une gouvernance transparente, inclusive et responsable, le parti Les Démocrates doit faire preuve de réflexion et d’autocritique. Il est vital que les leaders et militants de ce parti se rappellent que la démocratie n’est pas seulement une question de majorité et de pouvoir, mais également de respect et de protection des minorités et des voix dissonantes.

Le parti Les Démocrates se trouve à un carrefour où il peut soit redoubler d’efforts pour incarner les véritables valeurs démocratiques et rectifier le cap, soit continuer sur la voie d’un dogmatisme qui risque non seulement de le discréditer aux yeux de l’électorat, mais aussi de miner les fondements même de la démocratie qu’ils s’engagent à protéger. La réconciliation avec des figures comme Richard Boni Ouorou serait un pas positif vers la démonstration d’une maturité politique et d’un engagement authentique en faveur de la démocratie.

Le chemin vers un Bénin plus démocratique et uni passe par la tolérance, l’acceptation des différences et la recherche constante du bien commun. Il est maintenant du ressort du parti Les Démocrates de montrer au peuple béninois et au monde entier qu’ils sont non seulement capables de faire le travail, mais qu’ils sont également à la hauteur des principes qu’ils prétendent incarner.

L’Analyste