Avant le vote du statut des fonctionnaires forestiers: Ce que les députés doivent prendre en compte

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Avant le vote du statut des fonctionnaires forestiers

Ce que les députés doivent prendre en compte

 

Le projet de loi portant Statut spécial du personnel du Corps des Eaux, Forêts et Chasse est déjà au Palais des Gouverneurs à Porto-Novo. Avant son vote ou son adoption, il est important que les députés qui ont cette lourde responsabilité disposent de certaines informations qui pourraient les y aider. C’est fort de cela qu’un fin connaisseur du milieu forestier a jugé utile d’adresser cette lettre ouverte aux parlementaires afin que la loi à voter, règle définitivement certains dysfonctionnements dans cette corporation aussi spéciale. « La loi dispose pour l’avenir et non pour régler dans la précipitation des situations présentes dont les réelles causes pourraient être mal maîtrisées », dixit l’auteur de la lettre qui a préféré requérir l’anonymat. Lire l’intégralité de la lettre aux Honorables députés en l’occurrence, à la Commission des Lois.*

Toutes mes considérations et admirations à chacun de vous.

Je voudrais appeler votre attention pour que vous profitiez du projet portant Statut Spécial du personnel du Corps des Eaux,  Forêts et Chasse Transmis à l’Assemblée Nationale pour :

Corriger les injustices, les irrégularités,  les confusions et les contradictions de la loi 2015 – 20 du 19 Juin 2015 portant Statut Spécial des personnels des Forces de Sécurité Publique et Assimilées et de certains de ses décrets qui avec des effets rétroactifs en violation flagrante des principes de droit par un supposé reversement méconnaissent des droits acquis au point de ramener dans la catégorie équivalente à celle C de la Fonction Publique des agents légalement reclassés par le Ministère de la Fonction Publique dans la catégorie A (Catégorie des Officiers Ingénieurs des Eaux,  Forêts et Chasse). Incroyable dans un état de droit.  Mais, c’est exactement ce qui s’est passé dans la corporation forestière.  Pendant qu’à la police,  des sous-officiers sont devenus officiers (Lieutenant) après le reversement à partir de la même loi.  Aux Eaux,  Forêts et Chasse,  les droits acquis sont méconnus. Ceci, dans un même Etat.

Il est également important de signaler que des agents qui ont été légalement mis en stage par l’Etat, après l’obtention de leurs diplômes respectifs se sont vus subitement bloqués par la loi 2015.

Et déjà messieurs les Honorables,  il y a à peine deux mois seulement, par arrêt en date du 06 Décembre 2019,  la cour suprême a rétabli 41 agents forestiers dans leur droit.

Pour éviter les nombreuses années de tracasseries judiciaires qui perturbent les agents dans l’exercice de leur fonction, messieurs les Honorables, c’est le moment de  corriger pour une fois de bon les irrégularités, confusions et contradictions des textes précédents dans le nouveau en cours afin de permettre aux agents concernés de se concentrer pour contribuer plus efficacement à l’accomplissement de la mission qui est la leur et ce sera également justice.

Par ailleurs, il est très important de faire remarquer que la foresterie est une science assez dense,  assez professionnelle,  très spéciale et très pointue qui en réalité n’a pratiquement pas de grand point commun  avec l’armée étant donné qu’elles ont des missions différentes et des modes opératoires différents. La preuve,  il y a des forestiers civils parmi lesquels certains sont enseignants dans les lycées et universités, d’autres dans la recherche forestière,  d’autres forestiers civils servent dans les systèmes étatiques de même que  dans les offices comme ONAB ; CENAGREF et autres ; d’autres sont organisés en des Organisations Non Gouvernementales.

La majorité des activités et branches forestières demande plus de réflexions,  de concentrations, de la conception et surtout de la conscience professionnelle que de l’athlétisme.  Vouloir ramener le forestier au rang du militaire à l’ère de la haute professionnalisation est un sacrilège qui n’est ni plus,  ni moins une déprofessionnalisation, une reconversion professionnelle… . Certes,  pour un infirme volet de leur mission notamment la répression et la lutte anti – braconnage,  les forestiers ont besoin d’un minimum de notions militaires et de self – défense. Mais, cette raison est insuffisante, pour faire d’eux pratiquement des militaires au détriment de leur science qui en est une très dynamique à l’ère de la mondialisation,  des extrêmes climatiques et de l’urgence écologique. Le forestier est plus attendu sur le plan productions de plants,   reboisements, conduites de plantations, sensibilisations des populations sur les feux de végétation, sur le reboisement,  sur la conservation de la faune , conception de projets susceptibles de contribuer à la conservation de la nature,  à la restauration des terre, à une meilleure gestion des écosystèmes aquatiques et sur beaucoup d’autres plans.

C’est dire que les conditions physiques et les limites d’âges qui pourraient être imposées aux militaires ne sauraient être les mêmes aux scientifiques forestiers qui perdent plus de temps dans les écoles professionnelles  avant d’être recrutés.

Retenons que les diplômes d’Enseignement Général comme le BEPC ; le BAC classique ; la Licence et la Maîtrise ne sont pas acceptés aux Eaux,  Forêts et Chasse contrairement à l’Armée, à la Police,  à la Gendarmerie et à la Douane.

Dans un Etat, les corps se complètent et en cas de nécessité,  les uns vont en appui aux autres. On ne pourrait transformer les agents d’un corps pour qu’ils deviennent plus moins ceux d’autres corps. Il faut de nettes démarcations. Une spécialité reste une spécialité.  Et, des spécialistes d’un autre corps ne pourront donner aux spécialistes d’autres corps une formation adéquate. Certes, on pourrait les associer ou les solliciter pour quelques notions spécifiques.

Pour finir, je suis attaché au développement de mon pays. Et pour que le Bénin avance réellement,  il faut des actes de développement et de justice. La loi dispose pour l’avenir et non pour régler dans la précipitation des situations présentes dont les réelles causes pourraient être mal maîtrisées.

 

Vive le Bénin,

 

Vive la foresterie Béninoise !

 

Par Matin Libre